On a testé la course d’endurance en Audi RS e-tron GT
Qui a dit que les voitures électriques étaient ennuyeuses et qu’il était impossible de prendre du plaisir à leur volant ? Sûrement pas Audi, qui a organisé sa première course d’endurance en RS e-tron GT. Et nous y avons participé.
Depuis quelques années, les voitures électriques se sont fortement développées, et tous le constructeurs possèdent désormais une gamme bien remplie. A vrai dire, ils n’ont pas vraiment le choix, puisque l’Union Européenne va interdire la vente de véhicules électriques à partir de 2035. Hormis quelques rares exceptions, toutes les marques devront donc y passer, dont Audi. La firme propose déjà de nombreux modèles, dont la e-tron GT, porte-drapeau de sa gamme zéro-émission. La sportive se décline également dans une version RS forte de 650 chevaux, qui réalise le 0 à 100 km/h en seulement 3,3 secondes.
Une vraie sportive électrique, qui reprend la base technique de la Porsche Taycan et qui affiche des performances de très haut vol. On pense souvent, et on l’entend aussi beaucoup que les voitures électriques ne sont pas de auto plaisir, et qu’il est impossible de s’amuser à leur volant. Et encore moins qu’il est envisageable de s’adonner à une compétition avec. Pourtant, la Formula E prouve que c’est le cas, et le constructeur aux anneaux souhaite également montrer que cette motorisation a toute sa place sur un circuit. C’est pour cela que la firme a organisé son premier Audi e-tron endurance experience, qui réunit une poignée de clients ainsi que des journalistes.
Une compétition insolite qui prend la forme d’une course d’endurance, qui se déroule sur la piste du circuit Paul Ricard, au Castellet. Nous avons eu la chance de pouvoir y prendre de part, et nous allons vous raconter notre étonnante expérience, lors d’une épreuve homologuée par la FFSA qui combine pilotage et stratégie. Découvrez notre récit ci-dessous !
Jour 1 : un départ matinal
La journée commence tôt, ce jeudi 25 avril. Et pour cause, le rendez-vous est donné à 7h30 à la gare de Lyon, direction Le Castellet. Dans le train, c’est ambiance colonie de vacances, tandis que d’autres travaillent ou se reposent. Et il vaut mieux, car les prochaines heures seront intenses et le sommeil arrivera très tard. Il est environ 10h quand nous arrivons à la gare d’Aix-en-Provence, mais pas le temps de profiter du soleil, car nous embarquons à bord de l’Audi Q8 e-tron qui nous emmène sur le circuit Paul Ricard. Au bout d’une heure de route, nous pénétrons enfin dans l’enceinte de ce haut lieu de la course automobile, une grande première pour certains d’entre nous.
Mais là encore, pas de temps à perdre, alors que l’organisation est quasi-militaire. Après avoir signé quelques documents et fourni un certificat médical, direction le box qui fera office de quartier général pour notre team pour les deux prochains jours. Puis, vient le moment tant attendu : l’essayage des combinaisons. Dans un joyeux bazar, les préparatifs vont bon train, ça rigole, et surtout, ça parle déjà stratégie. Car s’il n’y a pas vraiment d’enjeu, et surtout pas de volant en F1 à gagner, on prend tout de même la course très au sérieux. Des discussions qui se poursuivent durant la pause déjeuner, puis dans la salle de briefing, où l’on nous rappelle toutes les règles de cette compétition, mêlant clients MyAudi et journalistes.
Puis, après une rapide séance photo officielle de tous les équipages, les choses sérieuses commencent enfin. Direction la pitlane, où notre Audi RS e-tron GT nous attend avec nos noms sur la vitre arrière et nos médias respectifs sur les portières. Pour ma part, je fais équipe avec Jean-Baptiste de Survoltés, Dimitri de 01net et Raphaëlle de Numerama. Notre team manager, Stéphane, sera quant à lui chargé de nous apprendre les rudiments de l’éco-pilotage et nous guider vers la victoire. Pas évident, quand c’est la première fois que l’on participe à une telle épreuve, même si l’on a déjà une certaine expérience de la conduite sur piste. Car ici, vous le verrez, cela n’a rien à voir avec ce que l’on connaît.
Jour 1 : une préparation intense
Le soleil est au rendez-vous et l’excitation est à son comble, alors que les essais s’apprête à démarrer. Pour cette course, le circuit Paul Ricard est dans sa configuration « courte » de 3,8 kilomètres, la même qui était utilisée lors du grand prix de France de F1 entre 1986 et 1990. Après avoir été rapidement briefés sur le tracé et les points difficiles, dont la courbe de Signes et le double droit du Beausset, il est temps de se mettre en piste. C’est donc à moi de jouer, je suis la première à prendre le volant de notre sportive électrique pour cette séance de coaching et d’essais, qui durera trois heures afin de se rapprocher des conditions de la course du lendemain.
Et très vite, je me rends compte que l’exercice est loin d’être évident. Oubliées les trajectoires idéales pour la conduite à haute vitesse et les freinages dégressifs. Ici, l’objectif est au contraire de freiner le moins possible et de se laisser glisser, afin d’éviter de faire flamber la consommation. Le but : rester autour des 33 kWh/100 km, alors que la batterie de l’Audi RS e-tron GT affiche une capacité brute de 93,4 kWh. Moi qui ait l’habitude d’avoir le pied très lourd, je me sens il est vrai, un peu frustrée de devoir me brider ainsi. Mais je vais rapidement découvrir que ce n’est pas tant la vitesse qui est amusante lors de cette compétition, mais surtout la stratégie. Et très vite, je me prends au jeu.
Les sessions de roulage s’enchaînent, alors que chacun de nous conduit par tranche de 12 minutes environ. Sur la piste, notre coach communique avec nous par talkie-walkie, et nous indique si notre rythme est bon ou s’il faut ralentir. En revanche, il n’a pas accès à la consommation en temps réel ni à l’autonomie restante, et se base donc sur notre temps au tour pour avoir une petite idée. Car durant la course, il sera strictement interdit de recharger la batterie, sous peine d’écoper d’une très lourde pénalité, qui ferait s’envoler tout espoir de victoire. Et pour cela, tout repose sur Stéphane, qui gère d’une main de maître notre équipe et établit la stratégie à suivre durant la compétition.
Jour 1 : une superpôle de nuit
Ce dernier est plutôt content de notre progression, alors que notre rythme est très bon et que la batterie tient bien la charge, aidée également par les conditions météo favorables. Car on le sait, l’autonomie baisse moins vite quand la température avoisine les 25 degrés, ce qui est le cas lors de notre session d’essai. Mais il vaut mieux ne pas trop s’y habituer, car ce ne sera plus du tout la même ambiance le lendemain. Les prévisions parlent en effet d’une pluie battante toute la journée, et forcément, cela risque de mettre un peu de piment dans la compétition. En attendant, ça y est, les 3 heures se sont écoulée, et la fin des essais a sonné.
C’est finalement moi qui sera chargée de courir la Superpole ce soir, à 21h, ayant réussi à me rapprocher le plus du temps de référence de 2:10 minutes. Il est temps pour tout le monde d’aller se restaurer et profiter de la soirée, animée par le groupe Bon Entendeur. Quant à moi, je reste en combinaison et je prends quelques minutes pour siroter un cocktail sans alcool sur la terrasse surplombant la piste. Le soleil se couche sur le circuit, tandis que l’Audi S1 Hoonitron de Ken Blocks s’adonne à quelques tours de piste, pour notre plus grand plaisir. Mais l’heure n’est pas à la contemplation, car il est l’heure pour moi d’enfiler à nouveau mon casque et redescendre dans le box de la team #11.
Entre-temps, la nuit est tombée sur le circuit et les équipages s’affairent autour des voitures. Les pilotes s’installent au volant de leur voiture, écoutant les derniers conseils de leur team manager pour cette course, qui comprend un tour de chauffe, deux tours chronométrés et un tour de refroidissement. Le but : se rapprocher des 2:10 minutes au tour, en faisant la moyennes des deux pris en compte. Chaque centième au-dessus ou en dessous fera l’objet d’une pénalité. Le départ est donné à la suite, toutes les 30 secondes environ. Le stress commence à monter, même s’il n’y a pas vraiment d’enjeu. Ca y est, c’est à mon tour de partir sur la piste, simplement éclairée par les feux de la voiture et les lampadaires.
Le stress monte, et Stéphane m’encourage à distance, me demandant d’accélérer le rythme pour le second tour, ayant été trop prudente et ayant eu peur de rouler trop vite sur le premier. L’ambiance est particulière, et je me sens portée par une légère pointe de stress, qui me pousse à tout donner. Après plusieurs tours, je reviens au box, ré-enfile ma tenue civile que j’ai abandonné depuis le matin et retourne à la soirée, en attendant les résultats de la superpole. 22h30, ils tombent. Et avec une moyenne de 2:12 minutes, je me place 16ème. Petite déception mais rien de grave, car tout va se jouer demain.
Jour 2 : la course, la vraie
Autant dire que la nuit a été courte, puisqu’à 8h du matin, je suis déjà de retour sur le circuit avec mon équipe de choc. Et comme hier, la même routine, café, combi, briefing. Mais aujourd’hui, c’est la vraie course, et c’est moi qui suis chargée d’assurer le départ. Pendant que les autres rejoignent le box, je pars, casque sous le bras et sous une pluie battante avec mon coach pour débrancher la voiture et prendre place sur la pré-grille. La tension monte, parce que là, ça y est, c’est vraiment du sérieux. Le temps n’est vraiment pas de la partie, mais cela ne nous empêche pas de rire et de nous adonner à quelques photos avant le départ. Car fouler l’asphalte de la ligne droite des stands du Paul Ricard, ça n’arrive pas tous les jours.
Puis, la piste se vide, les officiels d’Audi s’écartent et les moteurs démarrent dans un silence quasi-religieux. Le départ est donné par Marc Ouayoun, PDG de la marque en France, et nous nous élançons pour un premier tour de piste derrière la S1 Hoonitron, conduite par Rinaldo Capello, triple vainqueur des 24 heures du Mans. L’occasion de prendre nos marques sur la piste détrempée, alors que la pluie tombe toujours autant. Puis, la course démarre enfin, et c’est parti pour 12 minutes intenses avant de laisser ma place à Jean-Baptiste qui prendra le relai, suivi de Dimitri puis de Raphaëlle. Les tours s’enchaînent, les minutes aussi, puis les heures. Stéphane, notre coach, s’assure à chaque arrêt que l’autonomie restante est conforme aux estimations. Et bonne nouvelles, elle colle toujours au pourcent près.
A mi-course, nous sommes en 3ème position. Le stress monte alors d’un cran, alors que la perspective du podium est désormais très concrète. Sur la piste, la bataille fait rage, alors que l’on est constamment tiraillé entre l’envie d’accélérer et de doubler une ou deux voitures, et la nécessiter de préserver la batterie. Au talkie, Stéphane me demande de ralentir un peu, alors que je m’apprêtais à effectuer un dépassement. Car si certains ont l’air de rouler plus vite, cela se fait au détriment de l’autonomie. Sans parler de la tenue de route, fortement amoindrie à cause de la pluie. Même si les pneus offrent un grip excellent, même sur l’asphalte détrempé. Le temps passe, et ça y est, l’heure du dernier relai est enfin là. C’est Raphaëlle qui sera chargée de passer la ligne d’arrivée. Il ne lui reste que 8 % de batterie pour 12 minutes de course.
Le suspens est à son comble, et c’est fébrilement que nous voyons notre voiture passer la ligne d’arrivée sous le drapeau à damiers. On a réussi ! Nous avons donc terminé la compétition avec une batterie totalement vidée, puisqu’elle affichait 0 % sur les deux derniers tours. On s’en sort donc avec une 3ème place au classement des médias, et une 6ème place au classement général, sur 21 voitures. Une belle victoire pour notre équipe, portée par un team manager sans qui rien n’aurait été possible. Pas le temps de se reposer, car c’est l’heure de la cérémonie du podium, sous les applaudissements du public et dans une ambiance survoltée, alors que le soleil pointe enfin le bout de son nez.
Audi e-tron Endurance Experience : le bilan
C’est la toute première fois qu’Audi organise une telle compétition d’endurance en voiture électrique. Si l’expérience peut être très déroutante au début, voire un peu frustrante, elle se révèle en fait très intéressante. A vrai dire, on se prend rapidement au jeu, et plus que la performance, c’est ici la stratégie qui est particulièrement amusante. Certes, nous aurions aimé pouvoir nous lâcher un peu plus, notamment peut-être pendant la superpole, qui aurait dû avoir plus d’importance pour la course du lendemain. Mais dans l’ensemble, cette compétition amicale était très plaisante, et nous aura appris des tas de choses sur l’éco-pilotage. En plus de vivre une expérience tout simplement exceptionnelle, dans des conditions privilégiées.