Essai Toyota GR86 : espèce en voie de disparition
Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, la Toyota GT86 s’offre une toute nouvelle génération et prend désormais le nom de GR86. Si celle-ci conserve la philosophie de l’ancienne, elle corrige cependant certains points et n’en devient que meilleure. Et surtout, elle fait un bien fou dans cet univers peuplé de SUV et de voitures électrifiées.
Aujourd’hui, les voitures sportives se font de plus en plus rares. Ce n’est pas de la faute des constructeurs, mais bien des grandes instances, qui font tout pour tuer le plaisir de conduire au nom de l’écologie. Pour cela, les pouvoirs publiques ont plus d’un tour dans leur sac, entre sanctions financières pour les marques et les acheteurs et normes de plus en plus sévères. C’est ainsi qu’en 2035, la vente de voitures thermiques sera strictement interdite dans toute l’Europe. Le temps est donc compté pour les sportives, qui commencent déjà à disparaître, plombées par un malus de plus en plus indécent. Mais si les constructeurs se tournent peu à peu vers l’électrique, Toyota a décidé de faire les choses autrement. La firme est devenu un exemple en termes d’hybridation et croit beaucoup à cette alternative. Mais si l’on pense évidemment à la Prius dès que l’on évoque la marque, celle-ci possède aussi un vrai savoir-faire en sport automobile.
Avec son écurie Gazoo Racing, qui possède un beau palmarès en rallye notamment, et qui a donné son nom à la division sportive de la marque. C’est ainsi que la GR Supra a vu le jour en 2019, suivie en 2020 par la GR Yaris. Un peu plus tard, en 2022, ce fut au tour de la Corolla GR d’être officiellement dévoilée au grand public, mais celle-ci ne fera malheureusement pas le chemin jusqu’en Europe, en raison des normes environnementales trop strictes. Mais entre-temps, la firme nippone a levé le voile sur la GR86, remplaçante de la GT86 produite depuis 2012 en collaboration avec Subaru et qui commençait à prendre de l’âge. Et bonne nouvelle, celle-ci est bien commercialisée chez nous. C’est donc au second trimestre 2022 que le coupé sportif fait enfin son arrivée sur le Vieux Continent. Une joie de courte durée toutefois, car sa carrière ne devrait pas durer longtemps, là encore pour des raisons environnementales.
Mais en attendant, nous avons eu la chance de pouvoir prendre le volant de cette nouvelle version, qui reprend les principales caractéristiques de sa devancière tout en corrigeant certains défauts et en montant en puissance. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que nous n’avons pas été déçus par cette petite bombinette, qui nous prouve une fois encore que la passion de l’automobile n’est pas morte. Mais que vaut-elle vraiment sur la route ? Pour le savoir, découvrez notre essai détaillé ci-dessous !
Essai Toyota GR86 : agressive, mais pas trop
Si la GR Yaris arbore un look très agressif et presque un peu caricatural, ce qui fait aussi son charme, la GR86 joue quant à elle une autre carte. Attention, on ne dit pas qu’elle manque de caractère, bien au contraire. Mais il est vrai que le dessin global est plus épuré et que les lignes semblent un peu plus sage. Remplaçante indirecte de la GT86, dont la production a pris fin en 2021, cette nouvelle arrivante dans la gamme fait évoluer son design et le modernise, avec notamment une face avant fortement retravaillée. A vrai dire, tout est nouveau sur cette GR86, à commencer par la signature lumineuse, qui rappelle sous certains angles celle de la Jaguar F-Type restylée. Celle-ci surplombe une calandre également redessinée et plus anguleuse, entourée par deux lames noires qui contrastent avec le rouge de la carrosserie. Moins agressive que sa devancière, cette nouvelle venue est cependant plus élégante et équilibrée.
De profil, les proportions restent tout de même assez proches, et l’on note la présence de prises d’air derrière les ailes qui trahissent son caractère bien trempé. Les jupes latérales ajoutent encore un peu de sportivité à l’ensemble, de même que ses ailes arrière sculptées. On apprécie également la silhouette effilée avec le toit très incliné ainsi que la garde au sol assez basse du petit coupé nippon. La partie arrière est également bien équilibrée, avec son diffuseur noir intégrant deux sorties d’échappement rondes. Les feux triangulaires pourraient quant à eux rappeler à certains la Honda NSX de 2015. Longue de seulement 4,27 mètres, la Toyota GR86 affiche des dimensions très compactes, avec une hauteur de 1,31 mètre pour 1,78 mètre de large. Sans surprise, la gamme de coloris est assez restreinte, puisque seulement six sont proposés, dont le Rouge Flamboyant de notre modèle d’essai. Il faudra se contenter des jantes alliage de 18 pouces noires à 10 branches, au style très réussi.
Essai Toyota GR86 : un intérieur dépouillé mais fonctionnel
Lorsque l’on s’installe à bord de cette Toyota GR86, on découvre un poste de conduite un peu à l’ancienne, sans fioritures. Si cela peut dérouter au premier abord, dans une période où les voitures sont toutes dotées de grands écrans spectaculaires mais pas toujours pratiques, on se sent plutôt bien dans cet intérieur. Ce dernier se contente de l’essentiel et sonne comme un retour aux sources, et ça fait du bien. Bien évidemment, la qualité des finitions n’est pas parfaite, et les plastiques durs sont omniprésents. Cependant, le constructeur a tout de même ajouté un peu d’Alcantara sur les portières. Pas de too much dans ce poste de conduite, qui se veut tout de même fonctionnel et qui conserve ses gros boutons physiques pas toujours élégants mais tellement pratiques. Si le confort n’est pas l’atout premier du coupé nippon, on appréciera tout de même les nombreux réglages du sièges conducteur, ainsi que le fait qu’il soit chauffant (pour le passager aussi).
La position de conduite est idéale pour les petits gabarits, tandis que toutes les commandes sont facilement accessibles. Malgré son apparente simplicité, cet habitacle n’en n’oublie tout de même pas la modernité. En effet, la GR86 se dote d’un combiné numérique simple mais efficace, affichant toutes les informations nécéssaires à la conduite ainsi que d’un écran tactile. Certes, celui-ci sent bon les années 2000, mais il présente au moins l’avantage d’être très facile à utiliser et même d’être compatible avec Apple CarPlay et Android Auto en filaire. Indispensable puisque le système n’est pas équipé de la navigation GPS intégrée. A l’arrière, il est théoriquement possible de loger deux passagers sur les petits sièges, mais l’accès n’est pas aisé et l’espace aux jambes et à la tête est trop petit pour envisager de longs trajets pour un adulte. Il faudra également se contenter d’un coffre de 226 litres, qui permet de partir en week-end à deux sans trop de soucis.
Essai Toyota GR86 : que du plaisir
En digne descendante de la GT86, la nouvelle Toyota GR86 reprend la base technique de sa devancière ainsi que son son moteur quatre cylindres à plat Boxer, que l’on retrouve également sous le capot de la Subaru BRZ. Logique, car les deux sont cousines et partagent tout, de leurs dessous à leur design, et seul leur logo les différencie. La cylindrée évolue cependant légèrement à la hausse, passant de 2,0 à 2,4 litres, tandis que la puissance est également plus élevée puisqu’elle est affichée à 235 chevaux pour un couple maximal de 250 Nm. Une belle cavalerie, surtout que le coupé sportif affiche un poids plume de seulement 1 275 kilos. Chose rare de nos jours, les voitures légères n’étant plus vraiment légion. Résultat, le 0 à 100 km/h est réalisé en 6,3 secondes, mais ce n’est pas vraiment le plus important sur la sportive. Car au-delà des chiffres, c’est surtout le comportement routier qui est à saluer sur cette dernière.
Si l’ancienne version était parfois critiquée pour son manque de pêche et ses accélérations un peu trop linéaires, la Toyota GR86 corrige ce petit défaut. Résultat, nous sommes collés au siège à chaque départ arrêté et les passages de rapports nous donnent un vrai coup de pied au fesses comme on aime. Sans être une supercar, le coupé offre réellement de belles sensations et donne la banane dès les premiers tours de roues. De plus, son moteur atmosphérique monte haut dans les tours et l’on prend un malin plaisir à le cravacher en ligne droite et en sortie de courbes. D’autant plus qu’il est associé à une boîte manuelle à six vitesses avec des rapports et des débattements très cours. Et vraiment, ça fait très plaisir. Le plaisir est d’ailleurs une notion qui revient très souvent lorsque l’on évoque la sportive, qui offre des sensations de conduite « à l’ancienne », pas aseptisées pour un sou au contraire de la plupart des voitures actuelles.
Pas la moindre trace d’électrification, même pas de stop & start, la GR86 n’a rien de politiquement correct et c’est pour ça qu’on l’aime. Mais pas seulement. C’est surtout dans les virages qu’elle séduit le plus, grâce à sa légèreté, que l’on retrouve aussi dans la direction, consistante et informative, avec un train avant qui réagit au doigt et à l’oeil. La voiture fait preuve d’une belle agilité grâce au différentiel autobloquant Torsen et vire évidemment à plat, tandis que l’arrière est joueur sans décrocher lorsque l’ESP est enclenché. En mode Track en revanche, ce dernier est très mobile et la voiture peut se mettre à danser du popotin sans difficultés. Mais sans aucun danger non plus à condition de savoir ce que l’on fait tout de même. Attention à limiter l’utilisation de cette configuration sous la pluie si vous n’êtes pas un pro du pilotage.
On appréciera également l’endurance et l’efficacité du freinage, mais nous aurions aimé un échappement un peu plus sonore et affirmé. La sportive est en revanche moins à l’aise sur les trajets du quotidien, avec son moteur un peu rugueux et son embrayage pas forcément très souple. Sur les voies rapides, les bruits de roulement sont très présents, de même que les sons aérodynamiques. Nous avons en revanche été bluffés par la consommation, affichée à seulement 10,5 litres aux 100 kilomètres, alors que nous avons adopté une conduite très sportive durant l’ensemble de notre essai, qui s’est prolongé sur plusieurs jours.
Essai Toyota GR86 : pour résumer
Dernière représentante de son genre avec la Mazda MX-5, en Europe tout du moins, la Toyota GR86 est une vraie sportive « à l’ancienne » comme on n’en fait plus. Moteur atmosphérique sans la moindre once d’électrification, propulsion, intérieur un peu daté mais fonctionnel, bref, le coupé nippon distille un petit quelque chose que l’on ne retrouve plus dans la majorité des autos actuellement commercialisées. Outre son style très réussi, c’est avant tout pour son comportement que l’on choisit le coupé, à la fois agile, efficace et très amusant. Dommage que le malus soit si élevé et que les normes environnementales finiront par avoir raison de son existence, qui ne durera que deux ans…
Essai Toyota GR86 : notre avis
Design extérieur
Présentation intérieure
Technologie
Agrément de conduite
Passion
Rapport qualité / prix
Pas politiquement correcte pour un sou, cette Toyota GR86 est une vraie machine à plaisir et apporte un souffle d'air frais sur un marché très morose. On adore !
Essai Toyota GR86 : fiche technique
- Moteur : quatre cylindres à plat, 2 387 cm³, atmosphérique, injection directe, essence, 16 soupapes
- Transmission : boîte mécanique à six rapports, propulsion
- Puissance : 234 ch
- Couple : 250 Nm
- Dimensions : 4,27 x 1,78 x 1,31 mètres
- Poids : 1 275 kg
- 0 à 100 km/h : 6,3 secondes
- Vitesse maximale : 226 km/h
- Volume de coffre : 226 litres
- Émissions de CO2 / malus : 200 g/km / 16 950 €
- Consommation en cycle mixte : 9,5 l/100km
- Prix : à partir de 33 900 €