Essai Audi RS 3 : baroud d’honneur
Alors qu’Audi prévoit d’arrêter ses moteurs thermiques dans les prochaines années, cette RS 3 sonne comme la fin d’une ère et profite de cette nouvelle génération pour améliorer ses qualités.
C’est un triste constat : les voitures sportives ont tendance à disparaitre. Il suffit d’aller jeter un outil dans les catalogues des constructeurs généralistes pour le remarquer, alors que Renault dira adieu à sa Mégane RS l’an prochain et que Peugeot a décidé de ne pas offrir de version GTi à ses 208 et 308. Si certaines marques, asiatiques notamment, continuent d’y croire, les constructeurs sont de plus en plus frileux à l’idée de proposer de nouveaux modèles hautes performances ou de renouveler ceux déjà existants. Sauf les premium, plus disposés à faire vivre ces autos, malgré la pression des pouvoirs publics pour bannir les moteurs thermiques. Et Audi n’est pas épargné, puisque la firme d’Ingolstad a récemment annoncé qu’elle ne commercialiserait plus de véhicules thermiques en 2033. Autant dire demain. Une nouvelle évidemment très triste mais à laquelle on s’attendait, alors que la plupart des constructeurs ont annoncé des échéances plus ou moins identiques. Mais si la marque aux anneaux a déjà commencé à électrifier son catalogue, avec ses e-tron et autres e-tron GT, elle n’en oublie pas son essence sportive pour autant.
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Et pour cause, la gamme de modèles hautes performances est encore bien remplie, et elle devrait encore le rester pour un petit moment. La marque allemande a en effet profité de l’arrivée de la nouvelle génération de son A3 pour renouveler sa RS 3 en 2021. Un date qui n’a sans doute pas été choisie au hasard, pusiqu’elle coïncidait alors avec le 10ème anniversaire de la compacte sportive, dont la première mouture est née en 2011. Depuis, pas mal de choses ont évidemment évolué alors que trois générations ont vu le jour depuis cette date. Au dela du style, les performances ont bien sûr été revues à la hausse, avec une puissance initiale passant de 340 ch à 400 en 2021. En revanche, un détail n’a pas été modifié : le moteur. La sportive a en effet toujours conservé son iconique cinq cylindres, également présent sous le capot du RS Q3, dont l’actuelle version a été commercialisée en 2019. Une mécanique noble, très appréciée des fans de la marque, qui a néanmoins connu quelques évolutions, afin d’être toujours plus excitante. Mais cette nouvelle mouture ne se contente pas de gagner en puissance, bien au contraire.
Mais alors, cette ultime Audi RS 3 est-elle vraiment la génération la plus aboutie ? Quelles sensations distille t-elle une fois derrière le volant ? Pour le savoir, nous avons eu la chance d’en prendre les commandes pendant quelques jours, dans une configuration des plus pétillantes. De quoi en prendre plein les yeux. Mais pas que.
Essai Audi RS 3 : look démoniaque
Si la précédente génération affichait déjà haut et fort ses ambitions sportives, elle ferait aujourd’hui presque pâle figure face à cette nouvelle mouture. Car on peut dire que les designers en charge du projet se sont véritablement lâchés sur cette RS 3 troisième du nom, lui offrant un style détonnant. Reprenant les lignes de l’A3, renouvelée début 2020, avec sa face avant revue et sa poupe modernisée, cette déclinaison hautes performances s’en distingue néanmoins très nettement. Bien sûr, le lien de parenté est toujours présent, mais cette version ne fait pas dans la dentelle, avec son faciès agressif constitué d’une calandre Singleframe redessinée, encadrée par un entourage noir. Celui-ci intègre alors deux optiques à LED qui cachent une petite surprise. Celui de gauche forme en effet un petit drapeau à damiers, tandis que celui de droite arbore le lettrage RS 3, remplacé par un drapeau une fois la voiture en mouvement. Une petite touche de folie qui ne manquera pas d’attirer l’attention sur la route. Juste en-dessous, deux grandes prises d’air noires complètent le tout.
Imposante, cette Audi RS 3 l’est assurément, avec ses voies élargies de 33 millimètres à l’avant et 10 millimètres à l’arrière. Cela profite au style, bien sûr, mais aussi à la tenue de route, qui promet d’être nettement améliorée. D’autant plus que cette évolution s’accompagne de suspensions rabaissées de 10 millimètres par rapport à la S3, au profit là encore de l’efficacité. Comme pour cette dernière, deux silhouettes sont proposées : Sportback et berline, avec une différence de 1 400 € entre les deux déclinaisons mais avec des performances inchangées. L’une comme l’autre affichent une poupe imposante et résolument agressive, notamment au niveau du bouclier, percé de deux larges sorties d’échappement ovales. A noter qu’il est également possible d’opter pour un spoiler en fibres de carbone pour compléter le tout. Mais ce que l’on apprécie le plus sur cette nouvelle Audi RS 3, c’est son catalogue de couleurs, qui comporte pas moins de 8 teintes, dont l’exubérant et tout nouveau Vert Kyalami de notre version d’essai. Il est néanmoins possible de choisir un coloris plus discret, comme le Gris Kemora, livré de série.
Essai Audi RS 3 : ambiance sportive à bord
Assez parlé du style, il est désormais temps de prendre place à bord de cette Audi RS 3 et de découvrir son poste de conduite. A première vue, celui-ci diffère assez peu de celui de l’A3 standard, reprenant alors une présentation et un dessin identique, avec ses traits anguleux et sa planche de bord très moderne. Peut-être un peu too much pour certains, habitués à plus de rigueur allemande. Mais il est vrai que cette fois-ci, Audi a voulu apporter un peu d’originalité dans l’habitacle de la compacte, qui affiche toujours une qualité perçue très convaincante, notamment dans cette version RS, malgré quelques plastiques durs. Car si les lignes restent globalement les mêmes, les matériaux se font quant à eux plus haut de gamme, avec l’arrivée d’un cuir matelassé de série sur des sièges sport identiques à la S3, qui offrent un certain confort ainsi qu’un bon maintien. Si l’ensemble reste assez sombre, il est néanmoins possible d’opter pour un pack optionnel permettant d’assortir les inserts à la teinte extérieure. Un détail qui devrait plaire aux clients !
On apprécie également tout particulièrement le volant à méplat en Alcantara, très agréable à prendre en mains et donnant encore plus de sportivité à l’ensemble. Mais cette Audi RS 3 est aussi technologique, reprenant alors l’écran tactile de 12,3 pouces de l’A3, très réactif et à la présentation bien pensée et moderne. Celui-ci est alors associé à un Virtual Cockpit de 12,3 pouces également, intégrant un nouveau mode RS Runway donnant des informations supplémentaires telles que les G, la puissance et le couple. Bien sûr, la touche RS est toujours présente, permettant de changer de mode de conduite sans quitter la route des yeux. Mais si cette Audi RS 3 est une vraie sportive, elle reste aussi une compacte à vocation polyvalente. Cela se ressent, celle-ci offrant un espace à bord plus que correct, avec une banquette arrière plutôt accueillante pour les passagers. De son côté, le volume de coffre est dans la moyenne du segment, affiché à 281 litres pour la version Sportback et 321 litres pour la berline.
Essai Audi RS 3 : efficace, mais aseptisée
Après avoir pris nos marques et découvert sous toutes ses coutures cette nouvelle Audi RS 3 Sportback, il est désormais temps de nous installer à son volant et d’enfin faire rugir le cinq cylindres de la compacte sportive. Un moteur que les fans de la marque au losange connaissent déjà bien, celui-ci étant présent sous son capot depuis la première génération lancée en 2011 ainsi que sous celui de l’Audi TT RS. Une mécanique noble, que l’on retrouve également sur l’Audi RS Q3, dont nous avons pris le volant quelques mois plus tôt, et qui convainc par sa souplesse et son caractère unique. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que ce bloc 2,5 litres turbo a été « Moteur International de l’Année » neuve fois consécutives ! On salue par ailleurs l’audace de la part de la marque aux anneaux de continuer à proposer cette motorisation, à l’heure de la redoutable norme CAFE et alors que le malus est de plus en plus sévère.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette Audi RS 3 arraché le pavé, du haut de ses 400 chevaux pour autant de couple ! Une cavalerie alors répartie entre les quatre roues via une transmission intégrale Quattro et une boite S-Tronic à sept rapports, qui permet alors à la sportive de réaliser le 0 à 100 km/h en 3,8 secondes seulement. Si la transmission est plutôt convaincante en conduite du quotidien, et notamment en mode confort, l’usage des palettes reste alors fortement recommandé si vous souhaitez tirer parti de toute la puissance de la voiture, en raison d’un léger temps de latence en mode auto. Celui-ci reste néanmoins léger, et l’accélération totalement démentielle de la sportive le fait rapidement oublier. Bonne nouvelle, la compacte est également dotée d’une fonction Launch Control, dont on a évidemment du mal à se lasser, tandis qu’un inédit mode Drift fait son apparition, que l’on doit à l’arrivée d’un nouveau différentiel arrière actif.
Celui-ci assure alors une motricité optimale dans les courbes, réduisant ainsi considérablement le sous-virage, qui devient alors quasiment imperceptible, même à haute vitesse. Néanmoins, la RS 3 pâtit toujours d’un poids trop élevé, que l’on doit au système Quattro. De quoi nuire à l’efficacité dans les courbes, sans pour autant nous mettre en danger. Dommage, car un petit régime minceur n’aurait pas été de trop pour s’approcher de la perfection en termes de comportement, bien que celui-ci demeure néanmoins très aseptisé. Car si l’auto pousse très fort en ligne droite, on regrette le manque de sensations distillées sur les routes sinueuses, au contraire d’une Alpine A110 par exemple, nettement plus vivante même à basse vitesse. Agissant sur différents paramètres, tels que la direction ou l’amortissement si l’option suspensions pilotées a été cochée dans le configurateur, le mode Dynamic offre un peu plus de caractère à la sportive, notamment au niveau de l’échappement à clapet (en option). Dommage néanmoins que celui-ci soit encore un peu trop discret par rapport à la philosophie de la voiture.
Si la voiture est rivée au sol, il est tout à fait possible de la faire bouger du popotin dans les courbes, à condition néanmoins d’y aller très fort, le différentiel veillant alors toujours au grain, afin d’assurer une motricité optimale. Autre atout de cette Audi RS 3, le freinage, notamment sur notre version d’essai équipée de freins céramique optionnels. De série, la berline sportive est livrée avec des étriers à six pistons, également très performants. Convaincus par cette RS 3 ? Il faudra alors toutefois composer avec un malus de 21 171 € tout de même, à ajouter aux innombrables options nécessaires pour profiter d’une voiture vraiment aboutie. Une auto qui sera donc réservée aux gros budgets, notre version d’essai étant affichée à 93 930 €, hors malus.
Essai Audi RS 3 : pour résumer
Plus aboutie que jamais, l’Audi RS 3 est un véritable missile arrachant le bitume en ligne droite. Efficace, certes, malgré un poids bien trop élevé, la sportive n’est-elle pas devenue un peu trop aseptisée ? Assurément, malheureusement. Mais si elle pourrait distiller plus de sensations, notamment en conduite dynamique, la berline reste relativement polyvalente, profitant d’un amortissement bien calibré, bien qu’un peu ferme au quotidien. Mais son seul vrai défaut reste son prix, bien trop élevé selon nous. Car si elle débute à moins de 70 000 €, il faudra piocher allègrement dans le catalogue des options pour pouvoir profiter d’équipements parfois livrés de série sur des modèles moins onéreux et haut de gamme. Un défaut qui n’est néanmoins pas spécifique à Audi, et qui est partagé par la plupart des marques germaniques…
Essai Audi RS 3 Sportback : notre avis
Design extérieur
Présentation intérieure
Technologie
Agrément de conduite
Passion
Rapport qualité / prix
Véritable missile en ligne droite, cette Audi RS 3 pâtit néanmoins d'un poids trop élevé pour vraiment être amusante.
Essai Audi RS 3 Sportback : fiche technique
- Moteur : cinq cylindres, 2 480 cm3, turbo, 20 soupapes, injection directe, distribution variable en continu
- Transmission : intégrale permanente Quattro, robotisée double embrayage 7
- Puissance : 400 ch à 5 600 tr/min
- Couple : 500 Nm à 2 250 tr/min
- Dimensions : 4,39 × 1,98 × 1,44
- Poids : 1 570 kg
- 0 à 100 km/h : 3,8 secondes
- Vitesse maximale : 250 km/h (280 ou 290 en option)
- Volume de coffre : de 361 à 1104 litres
- Émissions de CO2 / malus : 207 g/km / 21 171 €
- Consommation en cycle mixte : 9,0 l/100 km
- Prix : à partir de 69 990 €