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Essai Alpine A110 S : l’outil ultime ?

L’Alpine A110 la plus puissante de la gamme est-elle aussi la plus amusante ? Rien de tel qu’un road-trip en Franche-Comté pour le savoir.

Photo Alpine A110 S 1,8 litre turbo 2021

Depuis son grand retour en 2017, l’Alpine A110 n’a cessé de faire l’objet de critiques dithyrambiques, de la part de la presse comme du grand public. A vrai dire, il est difficile de trouver une voiture qui fait autant l’unanimité que la berlinette, qui semble cumuler tout ce qu’il y a de meilleur dans toutes les sportives du marché. Elle est Française, elle affiche un style néo-rétro tout à fait réussi et elle distille de vraies sensations, sans débauche de puissance. Bref, sur le papier, cette Alpine A110 a donc tout bon. Revenue sur le marché après plus de vingt ans d’absence, le coupé tricolore a rapidement trouvé son public, avec une édition de lancement qui s’était alors vendue comme des petits pains. Plus tard, sont donc arrivées les versions Pure et Légende, qui constituent alors la gamme définitive de la sportive. Si la première fait la part belle aux performances, la seconde se veut quant à elle plus typée GT et profite d’un confort supplémentaire. Mais très rapidement, les rumeurs d’une version encore plus performantes ont commencé à enfler au fil des mois. Jusqu’à l’été 2019, où la marque dévoile officiellement l’A110 S, à l’occasion des 24 Heures du Mans.

Au programme, 40 chevaux supplémentaires, grâce à une suralimentation revue, tandis que le couple reste inchangé. Mais la sportive profite aussi de cette nouvelle version pour s’offrir un look un peu plus agressive, et des réglages de trains roulants modifiés, afin d’offrir une efficacité accrue. Mais la berlinette se refuse toujours à franchir la barre des 300 chevaux, contrairement à la Mégane RS. Mais en a t-elle vraiment besoin ? Car comme nous l’avions vu durant notre première prise en mains de la version Légende il y a quelques mois, l’A110 est capable de distiller de vraies sensations, en dépassant à peine les 250 chevaux. Autant dire que les 292 équidés de la version S devrait donc largement suffit à prendre du plaisir à son volant. De plus, en restant sage en termes de puissance, le coupé dieppois laisse alors la porte ouverte à une éventuelle version encore plus performante, alors que les rumeurs circulent sur le lancement d’une série spéciale dépassant enfin les 300 chevaux. Bien sûr, cela n’a pas encore été confirmé par la marque, mais cette idée semble très alléchante, surtout lorsque l’on sait que la marque deviendra 100 % électriques dans les prochaines années.

Mais avant de parler de l’avenir, profitons encore un peu de ce la marque nous offre actuellement, avec cette Alpine A110 S très prometteuse sur le papier. Et quel meilleur moyen de prendre toute la mesure de son caractère qu’en la conduisant pendant une semaine complète ?

Essai Alpine A110 S : du caractère, en toute sobriété

Photo road-trip Alpine A110 S 1,8 litre turbo 2021

Au premier abord, peu de détails permettent de distinguer l’Alpine A110 S des versions standard. En effet, la marque n’a pas souhaité donner un style trop ostentatoire à la berlinette, au contraire de certains constructeurs qui multiplient quant à eux les éléments stylistiques, parfois à outrance. Pas de ça chez la marque dieppoise donc, qui a eu à coeur de conserver les lignes épurées de la sportive. Et ça fonctionne très bien, d’autant plus que son look est à tomber par terre, et ce quelle que soit la déclinaison. Les designers de la marque ont en effet réussi à proposer des traits modernes tout en rendant un bel hommage à la version originelle, avec ses lignes tout en courbes et ses quatre petits feux ronds.

Cependant, cette Alpine A110 S n’est pas une copie tout à fait conforme des déclinaisons Pure et Légende, puisqu’elle se distingue par quelques éléments stylistiques spécifiques, à commencer par ses étriers de freins orange. Une teinte que l’on retrouve d’ailleurs également à l’intérieur, et sur les logos et qui change de l’habituel rouge des modèles sportifs. Le reste de l’auto change donc assez peu, alors qu’aucun aileron ni lame avant ne vient dénaturer ses lignes. Les plus observateurs remarqueront néanmoins que la hauteur de caisse a été rabaissée de quatre millimètres, ce qui devrait alors profiter au comportement routier, plus qu’à l’esthétique. Les pneus aussi sont spécifiques à cette déclinaison, avec une monte plus large de 10 millimètres, au profit là encore des performances et de la tenue de route.

Cela va sans dire que le look de cette Alpine A110 S reste donc terriblement séduisant sous tous les angles, avec une partie arrière également très belle. On apprécie son toit incliné, guidant le regard vers une poupe épurée mais ne manquant pas de caractère, avec sa signature lumineuse en forme d’ADN et son diffuseur intégrant une seule et unique sortie d’échappement en son centre. L’ensemble est très harmonieux, distillant une sportivité assumée sans faire dans le too-much. Même si elle commence doucement à prendre de l’âge, la sportive apporte toujours un vent de fraicheur et ne semble pas accuser le poids des années. A noter que cette version S se distingue par sa teinte Gris Tonnerre Mat (4 800 €), qui lui est alors exclusive.

Essai Alpine A110 S : sportive, mais trop peu équipée

Photo intérieur Alpine A110 S 2021

Si vous avez déjà eu la chance de vous installer à bord d’une Alpine A110, vous ne serez pas dépaysé du tout en prenant place dans cette version S. En effet, le poste de conduite reste strictement identique à la version standard et toujours tourné vers le conducteur, avec une présentation qui se veut assez épurée. Cependant, quelques petits détails permettent de distinguer cette déclinaison plus radicale, à commencer par les surpiqûres sur les sièges et la planche de bord, qui passent alors du bleu à l’orange. Une teinte originale, que l’on retrouve également sur le point milieu du volant. Le reste demeure plutôt austère, et plus typé sport que la version Légende dont nous avons pris le volant quelques mois plus tôt. Les sièges sport recouverts de cuir laissent alors place à des baquets Sabelt allégés à dossier fixe livrés de série, qui se révèlent étonnamment confortables, tout en offrant un très bon maintien latéral.

On remarquera également que l’intérieur est un peu plus dépouillé, puisque les flancs, ainsi que les intérieurs de portes perdent leur sellerie. Le repose pieds ainsi que le pédalier est quant à lui habillé d’aluminium, pour un style encore plus sportif. Le reste ne change pas, et l’on retrouve notamment l’écran tactile de 7 pouces, au design un peu daté et qui refuse toujours la compatiblité avec Apple CarPlay et Android Auto. Dommage, car si l’auto est idéale pour la piste, elle reste également conçue pour les voyages, et cette fonction nous aura bien manqué durant notre road-trip. Surtout au prix de la bête… Mais la sportive compense cette grosse lacune par un système Alpine Telemetrics de série, offrant quelques informations relatives aux paramètres tels que la puissance, le couple ou encore les températures. Pas indispensable, mais cela peut s’avérer utile sur circuit.

Le combiné numérique est quant à lui toujours présent, avec son affichage très élégant qui change selon le mode de conduite choisi. L’un des principaux défauts de la berlinette reste son manque de rangements, notamment dans l’habitacle. Il faudra alors se passer de bacs de portières, et se contenter d’un petit bac situé entre les deux sièges. Et ce n’est pas forcément mieux en ce qui concerne les coffres, affichant un volume de 100 litres à l’avant et 96 à l’arrière. Si cela est suffisant pour voyager quelques jour avec des sacs de voyage, n’espérez pas partir trop loin ni trop longtemps pour autant. Petit bémol également concernant la dotation, trop légère au vu du prix de l’auto. Car pour 69 000 €, nous aurions tout de même aimé profiter des feux de route automatique ou des rétroviseurs rabattables électriquement…

Essai Alpine A110 S : de la rigueur et du fun

Photo essai Alpine A110 S gris tonnerre mat 2021Avec cette A110 S, Alpine n’a pas voulu modifier la recette originelle des versions Pure et Légende, mais a néanmoins tenu à l’améliorer, afin de proposer une sportive encore plus radicale, moins typée GT mais plutôt conçue pour la piste. Cela passe notamment par une flopée d’évolutions techniques, au niveau des suspensions, raffermies de 50 %, tandis que la barre antiroulis est également plus raide de 100 %. Rien que ça. Autant dire que la sportive n’est pas vraiment le choix le plus adapté aux road-trips, mais qu’importe, car c’est sur les routes montagneuses que la berlinette se sent pourtant le plus à l’aise.

Et sur la piste également. Deux lieux pour laquelle cette Alpine A110 S semble taillée, à condition de ne pas être trop douillet. Car rien n’est vraiment fait pour chouchouter le dos du conducteur, même si les sièges se révèlent somme toute assez confortables malgré tout. Cependant, ne prenez pas rendez-vous tout de suite chez l’osthéo, car l’ensemble est ferme juste comme il faut, sans être caricatural. Car ne l’oublions pas, l’Alpine A110 S n’a pas vocation à être une supercar de l’extrême, mais plutôt une petite pistarde efficace. Plus efficace que l’A110 standard, cette déclinaison S conserve en revanche son moteur originel, à savoir le quatre cylindres 1,8 litre turbocompressé, qui passe cependant ici à 292 chevaux, contre 252 jusqu’alors. Un gain de puissance qui ne se ressent en fait pas tant que cela, tandis que le couple maximal reste quant à lui affiché à 320 Nm, désormais disponible jusqu’à 6 400 tr/min, contre 5 000 tr/min sur la version originelle.

De quoi améliorer les reprises en sorties de courbes, en étant cependant vigilant au sous-virage, plus présent sur cette S que sur les autres modèles Pure et Légende. C’est d’ailleurs notamment le cas sur les routes accidentées, où il est alors aisé de perdre le contrôle si l’on ne tient pas fermement le volant. Sur un bitume lisse, la sportive se comporte alors de manière exemplaire, avec des suspensions bien sûr plus fermes, mais offrant toujours un bon compromis, à défaut de pouvoir vraiment parler de confort. Si vous recherchez une voiture vraiment polyvalente, il faudra alors mieux opter pour une A110 Légende, qui chouchoutera un peu plus votre dos, sans forcément être moins fun.

Ultra-agile dans les courbes serrées mais également dans les virages plus larges, cette Alpine A110 S se montre très saine, grâce notamment à sa répartition des masses idéales, que l’on doit à son moteur en position centrale arrière. Attention cependant aux excursions sur les sols humides, où les pneus Michelin Pilot Sport 4 manquent quelque peu de grip, notamment au démarrage, et ce même lorsque l’ESP est activé. Sur le sec en revanche, cette monte, ici en 18 pouces se montre très efficace, tout comme le châssis, qui permet à la sportive de passer chaque virage avec une facilité déconcertante. Affichant seulement 1 123 kilos sur la balance, la dieppoise affiche une belle agilité, mais l’on pourrait néanmoins reprocher sa direction trop floue, qui n’offre pas assez de remontée d’information pour savoir avec précision où l’on place ses roues.

Si le comportement plus rigoureux de cette Alpine A110 S n’est plus à démontrer, cela ne l’empêche pour autant pas de rester joueuse, avec un train arrière qui devient très mobile lorsqu’on le souhaite. Cela n’aurait sans doute pas été le cas si elle avait été équipée d’un autobloquant, bien que cela aurait pu améliorer la motricité à très haute vitesse, qui pourrait encore grimper d’un cran. De son côté, le freinage assuré par des disques de 320 millimètres (contre 296 sur la version standard) se montre très mordant, mais manque cependant un peu d’endurance, ayant alors vite tendance à chauffer. Si la boite mécanique robotisée à double embrayage fait tout à fait le job, notamment en mode Sport, on privilégiera néanmoins l’usage des palettes, qui améliorent très nettement l’efficacité de la sportive.

L’occasion de faire pétarader l’échappement à clapets actifs, qui flatte nos oreilles mais que l’on aurait aimé un peu plus agressif sur cette version S. Notre essai nous ayant mené jusqu’en Franche-Comté, nous avons également pu prendre la mesure de cette Alpine A110 S sur autoroute. Si les pneus plus larges entraînent alors des bruits de roulement plus présents, le coupé normand se révèle plutôt confortable sur les longs trajets. Petit bémol en revanche pour la très forte prise au vent, assez étonnante pour une auto de cet acabit. Preuve supplémentaire de la polyvalence du coupé : sa consommation moyenne, affichée à 8,3 l/100 km durant notre essai, qui nous a en grande partie emmené sur des routes très vallonnées, nous obligeant alors à pousser la sportive dans ses retranchements.

Essai Alpine A110 S : pour résumer

Photo statique arrière nouvelle Alpine A110 S 2021

Plus rigoureuse et efficace que la version standard, cette Alpine A110 S n’en est pas moins fun, puisqu’elle conserve son comportement très joueur. Très agile et saine, dans les virages serrés et les courbes larges, la sportive ne manque pas de caractère, sans jamais être trop radicale. Moins polyvalente qu’une Légende, plus adaptée au longs trajets, notre version d’essai est plutôt conçue pour un usage sur piste, bien que ses suspensions restent assez bien calibrées pour être utilisée sur la route, à condition de privilégier les bitumes sans imperfections. S’il n’y a pas grand-chose à dire en ce qui concerne le comportement, très bon sur le sec, on reprochera cependant le manque de praticité du coupé, avec ses deux petits coffres et son espace à bord réduit. Dommage, car son gabarit aurait pu permettre l’intégration d’une boite à gants, qui l’aurait alors rendu un peu plus polyvalente.

Essai Alpine A110 S : notre avis

Design extérieur
Présentation intérieure
Technologie
Agrément de conduite
Passion
Rapport qualité / prix

Coiffant la gamme avec un caractère plus radical, l'Alpine A110 S est une machine passionnante, mais peu compatible avec la vie quotidienne. Mais qu'importe !

Essai Alpine A110 S : fiche technique

  • Moteur : quatre cylindres, essence, 1 798 cm3, turbocompresseur, injection directe, 16 soupapes
  • Transmission : mécanique robotisée à double embrayage et sept rapports, propulsion
  • Puissance :  292 ch à 6 400 tr/min
  • Couple : 320 Nm
  • Dimensions : 4,18 x 1,80 x 1,25 mètres
  • Poids : 1 123 kg
  • 0 à 100 km/h : 4,4 secondes
  • Vitesse maximale : 260 km/h
  • Volume de coffre : avant : 100 litres / arrière : 96 litres
  • Consommation moyenne : 7,0 l/100 km
  • Émissions de CO2 / malus : 158 g/km / 1 276 €
  • Prix : à partir de 69 100 €

Essai Alpine A110 S : les photos

Marie Lizak

Fondatrice et responsable éditoriale du site Une Fille Au Volant, je suis une passionnée de l'automobile dans tous ses aspects. J'ai pour vocation de partager ma passion avec légèreté et bonne humeur, sans oublier la rigueur et l'information, bien évidemment !

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