Essai Alpine A110 Légende : sportive des beaux quartiers
Moins radicale que la Pure, cette Alpine A110 Légende serait-elle le parfait daily ? C’est ce que nous avons voulu vérifier en prenant son volant, le temps d’un road-trip normand.
Cela fait déjà quatre ans qu’Alpine est née à nouveau. Plus de vingt ans après sa disparition, en 1995, la marque dieppoise avait en effet fait son grand retour en 2017, avec une A110 totalement revue dévoilée lors du salon de Genève. Mais en réalité, cela fait quelques années déjà que la firme travaillait sur cette renaissance, avec un premier concept présenté en 2010. Il se nommait l’époque Renault DeZir, et il annonçait déjà le retour de la berlinette, sans que personne ne puisse encore l’imaginer. Deux ans plus tard, ce fut au tour de la Renault Alpine A110-50 de pointer le bout de son capot, célébrant par la même occasion les cinquante ans de la sportive originelle. Mais ce n’est qu’en 2015, avec le concept Alpine Célébration que l’on commençait enfin à y voir un peu plus clair, tandis qu’un an plus tard arrivait l’Alpine Vision, montrant alors très précisément les lignes de la version de série. Une vraie campagne de teasing s’étalant sur plusieurs années, alimentant alors toutes les rumeurs possibles et imaginables à propos du retour de la marque mythique. Il faut dire que cette perspective était pour le moins excitante, d’autant plus que le marché français manquait alors cruellement de petits coupés sportifs de cet acabit.
→ notre article sur la nouvelle Alpine A110 S
→ notre classement des dix sportives les plus vendues en France
→ notre essai de la Porsche 718 Cayman S
Passé l’euphorie de la révélation et le succès de la Première Edition, produite à 1955 exemplaires, tous partis comme des petits pains, Alpine s’est rapidement remis au travail pour dévoiler deux versions : Pure et Légende. Derrière ces noms, deux personnalités bien distinctes, l’une plus radicale et tournée vers la performance, tandis que la seconde se positionne comme un compromis entre la sportivité et le confort, pour un usage quotidien. C’est celle-ci que nous avons choisi d’essayer en ce début d’année. L’occasion d’emmener la belle sur les jolies routes de Normandie, le temps d’un week-end placé sous le signe de l’évasion Made in France, pour changer un peu d’air et prendre une bonne dose d’iode et de sportivité. Car malgré sa philosophie plus polyvalente que la version Pure, cette Alpine A110 Légende n’a pas souhaité sacrifier une once de dynamisme sur l’autel du confort. Pari réussi donc pour cette déclinaison embourgeoisée ? C’est ce que nous allons voir en prenant son volant durant quelques jours !
Essai Alpine A110 Légende : cossue mais perfectible
Une chose est sûre lorsque l’on regarde cette Alpine A110, c’est qu’elle ne fait vraiment pas ses trois ans. D’ordinaire, passé cet âge, beaucoup de modèles pensent déjà au restylage, ce qui ne semble pas être le cas de la berlinette, bien dans ses baskets. Son look intemporel, un brin néo-rétro fait toujours son petit effet, comme nous l’avons constaté dans les rues des petites bourgades normandes, où fusaient les pouces en l’air et et les commentaires admiratifs, venant de tous types de personnes, des piétons aux conducteurs de grosses cylindrées allemandes. S’il y a bien une chose qui est sûre avec cette A110, c’est qu’elle met tout me monde d’accord. Bien entendu, le style reste plutôt audacieux, avec ses quatre optiques à l’avant, inspirées de la version originelle lui donnant une petite bouille de grenouille. Mais il n’en reste pas moins que les designers sont joué avec brio sur la corde de la nostalgie, et ça fonctionne parfaitement ! Les équipes en charge du style sont même allé plus loin, en proposant un pack Héritage incluant entre autres une baguette chromée sur le capot, rappelant là encore la première génération. Certes, ce détail peut faire un brin too-much, mais il apporte un petit quelque chose assez sympa à l’auto, que les fans historiques apprécieront sans doute.
Car ce qui caractérise cette version Légende, c’est avant tout son côté vintage exacerbé, qui se traduit notamment par ses jantes 18 pouces au design original, tout droit venu du passé. On aime ou pas, mais dans ce cas, il est évidemment tout à fait possible de choisir un autre modèle, et d’opter notamment pour une monte Fuchs de 18 pouces en fer forgé, facturée 1 008 € tout de même. Très discrète malgré tout, l’Alpine A110 propose une palette de couleur assez restreinte, faite de couleurs assez sobres. Si notre version d’essai arbore le très joli Gris Tonnerre, facturé 840 €, notre choix se portera plutôt sur le fameux Bleu Alpine si nous devions signer un chèque. Certes, cette teinte n’est pas donnée (1 800 €), elle reste indissociable de l’auto, selon nous. De dos, le coupé dieppois conserve sa sobriété, mais s’offre une touche d’originalité tout de même avec ces très beaux feux à LED en forme de X, tandis que sa large sortie d’échappement hexagonale, qui n’est pas sans rappeler celle de la Renault Mégane RS. Normal, quand on sait que les deux partagent plus d’une pièce mécanique, à commencer par le moteur.
Lorsque l’on s’installe à bord de cette Alpine A110, on remarque de suite qu’elle est faite pour tailler la route, avec ses sièges sport en cuir brun signés Sabelt qui invitent au voyage. En plus d’être chauffants, ceux-ci sont en effet très confortables et offrent un excellent maintient. Le combo idéal, qui aurait pu être vraiment parfait si les réglages avaient été électriques. Ce n’est pas grave en soi, mais un peu décevant sur une auto à ce prix-là. L’ensemble est quant à lui visuellement très plaisant, à la fois cossu et sportif avec ses inserts en fibres de carbone et ses surpiqûres bleues. Si les nombreux éléments repris de la gamme Renault sont loin d’être choquants et sont sans doute l’une des conditions de l’existence de cette voiture, on déplore néanmoins la présence de plastiques durs un peu cheap ça et là, notamment au niveau des commandes de climatisation. On sent qu’Alpine a dû faire des économies, et ça se voit malheureusement, ce qui nuit un peu au positionnement haut de gamme de l’auto. Certains détails restent néanmoins assez sympathiques, comme la boite positionnée entre les deux sièges, qui fait partie du Pack Rangements et dont l’intérieur est intégralement matelassé.
Un pack optionnel facturé 504 € qui ne sera pas de trop, tant les espaces de rangements sont minimes à bord de cette Alpine A110. Il faudra composer avec l’absence de bacs de portières et de porte-gobelets. Dommage pour une auto qui a vocation à être utilisée au quotidien et pour partir en week-end. Car si l’ensemble est visuellement très flatteur, et l’habitacle plutôt spacieux pour un tel véhicule, on reprochera un certain manque de praticité et d’ergonomie générale. Cela se voit notamment du côté du système d’info-divertissement, par ailleurs un peu trop daté par rapport aux ambitions de la voiture. Outre l’aspect visuel, on reprochera également l’absence d’Apple CarPlay et Android Auto. En revanche, et même si c’est loin d’être indispensable, le système Alpine Télémetrics optionnel est plutôt intéressant, permettant d’avoir une idée des performances de l’auto en temps réel. Enfin, coupé sportif oblige, il faudra privilégier les sacs souples pour partir en week-end, les deux coffres, un à l’avant (100 litres) et le second à l’arrière (96 litres) n’accueillant que le strict minimum. Mais cela reste largement suffisant pour un voyage court, et reste dans la moyenne du segment.
Essai Alpine A110 Légende : pousse-au-crime
Assez de théorie, il est désormais temps de passer derrière le volant et d’appuyer sur le bouton rouge sur la console centrale, donnant presque l’impression de démarrer une supercar. Dès lors, le quatre cylindres 1,8 litre turbo s’éveille dans un discret rugissement qui flatte les oreilles. Ce son laisse déjà présager de très bonnes choses, mais il faudra quelques tours de roues supplémentaires pour vraiment prendre toute la mesure de l’auto. Mais il faut bien l’avouer, il est difficile de résister à la tentation, alors que l’A110 ne demande qu’une chose : arpenter les petites routes à des vitesses pas toujours très règlementaires. Ça tombe bien, car des routes sinueuses, nous en avons parcouru tout le week-end. Pour ce qui est de la vitesse, nous ne divulguerons aucune information, mais vous vous doutez bien que les limitations étaient assez difficiles à respecter. Car cette Alpine A110 est un véritable piège à permis. Car on le sait, l’agilité, la légèreté et la puissance constituent un cocktail addictif mais extrêmement dangereux pour son petit papier rose. Manque de chance, notre auto cumule ces trois ingrédients. Car dès les premiers kilomètres, on se rend compte que la petite dieppoise en dans le moteur, situé en position centrale arrière. Celui-ci est repris de la Renault Mégane RS, mais diffère notamment par sa puissance, culminant à 252 chevaux pour notre version d’essai, contre 280 pour la compacte survitaminée.
Profitant d’une excellente répartition des masses, l’Alpine A110 affiche un comportement équilibré mais sans renier le fun, avec un train arrière rendu volontairement plus joueur, permettant de se faire plaisir dans les virages si l’envie nous prend. Si l’avant est très léger du fait de l’absence de moteur, l’ensemble reste très sain et il faudra vraiment pousser l’auto dans ses ultimes retranchements pour sentir un très léger sous-virage. Sur le sec comme sur des routes humides et grasses, la sportive reste toujours très efficace et sécurisante, pardonnant toutes les erreurs avec une facilité déconcertante. Mais elle n’en devient pas aseptisée pour autant, distillant un vrai plaisir lorsque l’on enclenche le mode Sport et que l’on commence à adopter un rythme sportif. La boîte à double embrayage et sept rapports est quant à elle correcte mais le must reste encore d’utiliser les palettes, d’autant plus que l’auto propose un vrai mode manuel. Alors pourquoi s’en priver ? Le couple, qui arrive très tôt grâce au turbo permet à la Dieppoise d’assurer d’excellentes reprises, tandis que le freinage est quant à lui assuré par un système Brembo qui aura fait ses preuves durant l’essai. Enfin, rien à redire en ce qui concerne le châssis, qui se révèle tout simplement excellent. L’auto vire à plat dans les courbes, tandis que la direction est parfaitement calibrée, consistante sans être trop dure.
Vous l’aurez donc compris, il est difficile de résister à l’appel des routes vallonnées avec cette A110, qui profite par ailleurs d’un échappement plus qu’expressif, notamment en mode Sport. Mais aussi dynamique soit-elle, la belle peut aussi se faire plus discrète si besoin. Conçue pour être utilisée au quotidien, elle se révèle en effet assez polyvalente, avec une suspension bien calibrée, qui permet de passer les ralentisseurs sans se casser le dos, tout en assurant une belle stabilité en conduite plus sportive. Mais le confort, sur cette Alpine A110, se traduit aussi par une insonorisation plus que correcte, tant au niveau des bruits de roulement que des sons aérodynamiques, quasiment imperceptibles même à haute vitesse sur l’autoroute. S’il pourra être difficile de faire de cette auto sa voiture principale si l’on n’est pas célibataire, il n’en reste pas moins qu’elle est tout à fait utilisable au quotidien. Son gabarit réduit et son diamètre de braquage relativement limité lui permettent de se faufiler un peu partout. Son seul vrai défaut ? Le manque de visibilité, notamment à l’arrière. Mais rassurez-vous, il est très facile de passer outre. Enfin, et c’est le point qui devrait finir de convaincre les plus réticents, le petit coupé français est relativement peu gourmand, avec une moyenne annoncée à seulement 6,4 l/100 km en cycle mixte. Durant notre essai, nous avons de notre côté relevé environ 8,4 l/100 km, en roulant en permanence avec le mode Sport enclenché et en tirant les rapports au maximum la plupart du temps.
Essai Alpine A110 Légende : pour résumer
A la question : l’Alpine A110 Légende est-elle le parfait daily ? La réponse est oui. A condition de vivre seul. Mais si l’auto manque en effet de certains aspects pratiques pour le quotidien, elle reste néanmoins tout à fait utilisable tous les jours, si l’on veut arriver au travail avec le sourire jusqu’aux oreilles. Car ce coupé Made in France regroupe tout ce qu’aiment les passionnés : la légèreté, avec un poids de seulement 1 123 kilos, l’agilité et le plaisir, avec ses 252 chevaux intégralement envoyés vers les roues arrière. Pas besoin d’artifices électroniques comme cela peut être le cas chez d’autres constructeurs, cette A110 distille d’elle-même un vrai plaisir, étant à la fois ultra-saine et vraiment amusante. Polyvalente avec un typage de suspensions et de direction offrant un très bon compromis entre sportivité et confort.
Bien sûr, tout n’est pas parfait dans cette auto, qui pâtit d’un intérieur en-dessous des attentes que l’on pourrait avoir pour une auto débutant à partir de 62 100 €. Si les éléments repris des modèles Renault ne sont pas gênants, on regrettera néanmoins la qualité des matériaux et l’ergonomie pouvant être améliorées. Il n’en reste pas moins que cette Alpine A110 reste une voiture qui donne le sourire, que l’on soit derrière le volant où sur le côté de la route. Elle attire les regards, la sympathie et nous avons rapidement arrêté de compter les pouces levés et les têtes qui se sont retournées sur notre passage, tant ils ont été nombreux. Une chose est sûre, avec cette réinterprétation de la berlinette originelle, Alpine a fait du très, très bon boulot !
Essai Alpine A110 Légende : notre avis
Design extérieur
Présentation intérieure
Technologie
Agrément de conduite
Passion
Rapport qualité / prix
Encore perfectible sur certains points, l'Alpine A110 Légende est une parfaite synthèse de tout ce que l'on aime dans une sportive. Et puis elle est made in France !
Essai Alpine A110 Légende : fiche technique
- Moteur : essence, 4 cylindres à plat, 1798 cm3, turbo, 16 soupapes
- Transmission : boîte automatique à double embrayage à 7 rapports
- Puissance : 252 chevaux à à 6000 tr/min
- Couple : 320 Nm à 6500 tr/min
- Dimensions : 4,18 x 1,80 x 1,25
- 0 à 100 km/h : 4,5 secondes
- Vitesse maximale : 250 km/h
- Volume de coffre : avant : 100 litres / arrière : 96 litres
- Émissions de CO2 / malus : 144 g/km / 280 €
- Consommation en cycle mixte : 6,4 l/100 km
- Prix : à partir de 62 100 €
Bonjour Fille au Volant !
Je viens de vous lire au sujet de l’Alpine A110 Légende, dont avons eu l’occasion de discuter brièvement au pied des ruines de Château-Gaillard (Les Andelys). Après avoir fait connaissance avec la voiture, dont les photos sont remarquables, mon choix (bientôt) sera sans doute une MX-5 dont vous publiez également un reportage vivant. Plus belle à mon goût, moitié moins chère, avec de vraies commandes au tableau de bord et toute aussi fun à piloter…
Je reste « accro » aux « atmosphériques », au feulement asynchrone d’un 8 cylindres, au plaisir de ressentir la présence d’un « vrai » moteur.
Qui imaginerait ma moto en version électrique ? Ou piloter une Mustang hybride rechargeable ? Au secours !
Attendons de voir ce que l’hydrogène pourrait peut-être apporter ( dans un prochain article ? ) même si je pourrais regretter l’odeur de l’essence sans plomb 😉
A bientôt dans vos reportages !