Essai Jeep Wrangler 4xe hybride rechargeable : baroudeur de coeur

Marie Lizak 29 septembre 2022

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Essai Jeep Wrangler 4xe : design extérieur
Essai Jeep Wrangler 4xe : présentation intérieure
Essai Jeep Wrangler 4xe : sur la route
Essai Jeep Wrangler 4xe : pour résumer
Essai Jeep Wrangler 4xe : fiche technique
Essai Jeep Wrangler 4xe : les photos

Dépassé le Jeep Wrangler ? Pas le moins du monde, alors qu’il se décline désormais en une inédite version hybride rechargeable baptisée 4xe. Tient-elle vraiment toutes ses promesses ? La réponse dans notre essai.

Le Jeep Wrangler, c’est un véritable mythe automobile, un vrai 4X4 pur et dur comme on n’en fait plus beaucoup. Car ses rivaux, on peut le compter sur les doigts de la main, puisqu’il ne reste plus que le Land Rover Defender et le Mercedes Classe G sur le marché. Présent dans le catalogue depuis 1987, le successeur de l’iconique Jeep Willys MB de la Seconde Guerre Mondiale a su tirer son épingle du jeu au fil des décennies, et s’illustrer comme une icône. Considéré comme l’un des meilleurs tout-terrains du marché, il séduit encore à l’heure actuelle de nombreux passionnés, à la recherche d’un véhicule polyvalent, à l’épreuve de la terre, de la boue et de tous les obstacles qu’il peut croiser. Mais si dans l’imaginaire collectif, le Wrangler est encore associé à une image peu flatteuse de gros 4X4 fonctionnant au gazole et rejetant des tonnes de CO2 à chaque sortie, on ne peut pas vraiment dire que cela colle à la réalité.

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Et pour cause, le baroudeur américain a très nettement évolué au fil des ans, devant de toutes façons évoluer pour pouvoir survivre. Une capacité d’adaptation naturelle pour celui qui est capable d’affronter la nature et ses imprévus, de traverser n’importe quel gué et de grimper n’importe quelle pente. Alors quand on lui demande de se faire plus écologique, cela semble simplement être la suite logique de son évolution, bien que cela puisse paraître un brin surprenant au premier abord. Car il est vrai que le Jeep Wrangler n’a pas vraiment le profil du véhicule propre par excellence, lui qui a toujours misé sur sa mécanique rustique et sur son image de baroudeur pur et dur. Et pourtant, c’était ça ou mourir. C’est donc la première solution qu’a choisi la marque, qui a préféré électrifier son icône plutôt que de s’en passer. Une stratégie que l’on ne peut que saluer, malgré la réticence très certaine des puristes, qui craignent que leur star ne perde de sa superbe.

Mais est-ce vraiment le cas ? Le Jeep Wrangler risque t-il de perdre son charme et son côté emblématique, au profit de l’écologie ? Nous avons pris le volant de cette nouvelle version hybride rechargeable le temps d’une semaine, afin de le savoir. Et la réponse pourrait vous surprendre…

Essai Jeep Wrangler 4xe hybride rechargeable : un look mythique

Que les fans du grand baroudeur se rassurent tout de suite, son style iconique n’a pas changé d’un iota avec cette version hybride rechargeable. Renouvelé en 2018 avec une quatrième génération bien plus moderne et cossue, le Jeep Wrangler avait alors très nettement évolué, sans jamais perdre son identité. Nous retrouvons donc des lignes bien connues et très impressionnantes, tandis que la face avant arbore toujours ses sept fentes. Présentes depuis le début de l’histoire de la marque et apparues sur la Willys dès 1941, elles constituent à elles seules l’ADN de Jeep. Très imposant, du haut de ses 1,85 mètres pour 4,88 mètres de long, le 4X4 américain affiche un faciès reconnaissable entre mille, avec ses petits phares ronds, son bouclier proéminent et son pare-brise quasiment vertical. Sa silhouette très carrée ne trompe pas non plus, de même que ses ailes musclées, sur lesquelles on pourrait d’ailleurs quasiment s’asseoir. De profil, on remarque que le style a avant tout été conçu pour optimiser l’espace intérieur.

Et pour cause, le toit est on ne peut plus plus droit, presque comme un pied de nez à la mode des SUV coupé. Enfin, que serait le Jeep Wrangler sans sa roue de secours greffée sur le coffre ? Celle-ci est évidemment toujours bien présente, donnant au 4X4 un air encore plus baroudeur. S’il est donc quasiment impossible de déceler la motorisation hybride qui se cache sous le capot de cette version, quelques indices mettent toutefois la puce à l’oreille des plus observateurs. Parmi eux, la trappe de recharge, installée sur l’aile avant gauche, ainsi que le logo 4xe (se prononce four-by-e). De petits détails bleus permettent également de distinguer cette variante branchée, qui hormis ces détails, est identique à la version standard. Il est toutefois important de préciser que seule la version longue est désormais disponible, la courte n’étant en effet pas assez grande pour permettre la bonne implantation des batteries. Au chapitre de la personnalisation enfin, le Jeep Wrangler est toujours proposé avec plusieurs teintes très sympathiques, dont l’original jaune High Velocity.

Essai Jeep Wrangler 4xe hybride rechargeable : un poste de conduite inchangé

Avant de prendre enfin le volant de ce Jeep Wrangler hybride rechargeable, prenons quelques minutes pour nous installer à bord et faire un petit tour du propriétaire. Et dès le premier coup d’oeil, on s’aperçoit d’une chose : le poste de conduite reste strictement identique. Et a vrai dire, ce n’est pas très surprenant, car le 4X4 n’a pas subi de restylage depuis l’arrivée d’actuelle version. Aucune raison de tout changer donc, car le but ici est que l’hybridation reste discrète. L’habitacle est donc toujours fidèle à lui-même, avec ses formes carrées et sa présentation rustique qui fait son charme. Ne cherchez pas la finesse dans cet intérieur, qui se doit avant tout d’être pratique et surtout peu salissant. Pas de matériaux très haut de gamme donc, hormis du cuir en option, mais du tissu et du plastique, facilement lavables. L’ensemble reste pourtant qualitatif, tandis que les finitions sont tout à fait satisfaisante. La présentation générale reste toutefois un peu chargée quand à elle.

Un certain temps d’adaptation sera donc nécessaire avant de tout comprendre, à ce poste de conduite spacieux et confortable. Le conducteur profite de nombreuses fonctionnalités, dont un écran tactile de 8,4 pouces, intégrant des affichages dédiés à la conduite tout-terrain, détaillant notamment l’inclinaison ainsi que le roulis du véhicule. En revanche, pas de vrai combiné numérique mais un simple petit écran central, entouré de deux compteurs classiques. Nul doute que cela devrait s’améliorer au restylage. Si les places avant se montrent très confortables, c’est moins le cas de la banquette arrière, un peu ferme. De plus, le plancher assez haut n’est pas vraiment adapté aux grands gabarits, bien que l’espace à la tête soit plus que corrects. Globalement, les prestations sont plutôt convaincantes. On appréciera également le grand coffre, dont le volume passe de 533 à 1 910 litres une fois que la banquette est rabattue. Celle-ci créée alors un plancher plat, tandis que l’ouverture latérale très large de la porte facilite le chargement.

Essai Jeep Wrangler 4xe hybride rechargeable : esprit est-tu là ?

Avant toute chose, et surtout avant de prendre le volant, il est intéressant de nous attarder quelques instants sur la mécanique qui se cache sous le capot de notre Jeep Wrangler. En effet, il faut savoir que celui-ci n’est désormais disponible qu’en hybride rechargeable. Un changement radical pour le 4X4, à qui l’on associe plus volontiers un moteur diesel, tandis qu’une variante essence était également proposée. Désormais, il faudra donc composer avec cette nouvelle alternative branchée, qui associe un quatre cylindres fonctionnant au sans-plomb à un moteur électrique, le tout développant alors pas moins de 280 chevaux pour un couple total de 637 Nm. Il n’en faut pas moins pour déplacer les 2,3 tonnes de l’engin, qui ne met pourtant que 6,4 secondes pour réaliser le 0 à 100 km/h. Si ce n’est pas son but premier, il faut avouer que le 4X4 américain marche plutôt fort, grâce notamment au coup de boost du moteur zéro-émission. Logiquement, la puissance est répartie entre les quatre roues, grâce à une transmission intégrale d’une boîte automatique à 8 rapports, et de deux embrayages.

Une véritable machine de guerre donc que ce Jeep Wrangler, qui ne perd en rien son esprit originel et son ADN, bien au contraire. Le moteur électrique, et donc le couple instantané facilite encore plus le passage de certains points difficiles et les manoeuvres sur les chemins escarpés comme nous avons pu en croiser durant notre essai. Sans surprise, le 4X4 se sent extrêmement à l’aise en dehors des sentiers battus, et passe chaque trou et chaque bosse avec une facilité déconcertante. Le passage en transmission intégrale, via le levier situé près de celui des vitesses change radicalement la donne, bien sûr, et notre Wrangler confirme encore une fois son statut de véritable franchiseur. C’est bien simple, il est à l’aise partout, et ne montre aucune faiblesse, à tel point qu’on le penserait invincible. En effet, il faudra vraiment pousser le curseur très loin pour commencer à le mettre en difficulté, grâce entre autres à son blocage de différentiel et sa boîte courte. De quoi passer n’importe quel obstacle les doigts dans le nez.

Si l’implantation d’une motorisation hybride rechargeable sous le capot du Jeep Wrangler pourrait donner des boutons aux puristes, cette stratégie est pourtant tout à fait cohérente. Quel bonheur de se balader en pleine nature sans aucun autre bruit que celui des oiseaux ! Ou presque. Car l’avertisseur sonore pour les piétons est toujours très présent, de même que le bruit du moteur électrique lors de la régénération au freinage. Avec sa batterie de 17,3 kWh, le baroudeur est alors en mesure de parcourir environ une cinquantaine de kilomètres en mode 100 % électrique. Lorsque celle-ci est vide, le quatre cylindres essence reprend la main, avec un passage un peu trop perceptible toutefois, notamment à cause du son. Plusieurs modes sont proposés, permettant de conserver un peu d’autonomie électrique en forçant la marche en thermique ou pour au contraire, rouler uniquement en mode électrique jusqu’à ce que la batterie soit intégralement vidée. Concernant la recharge, il faut alors compter pas moins de 9 heures avec une prise domestique. Une durée qui descend alors à 2 h 30 sur une borne 7,4 kWh.

Si le Jeep Wrangler est un pur baroudeur, il faut aussi le conduire sur route ouverte pour rejoindre les chemins de traverse. Et sans grande surprise, ce n’est pas forcément là où il se sent le plus à l’aise, bien qu’il ait fait un très net bon en avant au fil des générations. La prise de roulis est évidemment très importante, du fait du typage très souple des suspensions et de la hauteur de caisse. La direction très souple est évidemment un atout lors des manoeuvres et en conduite tout-terrain, mais elle manque toutefois cruellement de précision, ce qui peut rendre le stationnement un peu difficile, surtout au vu du gabarit de l’engin. On regrettera également le diamètre de braquage très moyen, mais il faut se rappeler que le Wrangler mesure tout de même près de cinq mètres de long. La boîte est quant à elle très douce et agréable, tandis que les accélérations sont loin d’être poussives, bien au contraire. Néanmoins, il faudra composer avec une consommation plutôt élevée, tournant autour des 10 l/100 km en cycle mixte comme nous l’avons noté durant notre essai. En revanche, et c’est une vraie bonne nouvelle, le 4X4 n’est pas soumis au malus écologique.

Essai Jeep Wrangler 4xe hybride rechargeable : pour résumer

Au premier abord, on doit bien avouer que nous n’avions pas forcément vu d’un très bon oeil l’arrivée de cette version hybride rechargeable 4xe. Un Jeep Wrangler branché ? Hors de question ! Et pourtant, une fois dépassé nos à-priori, nous avons découvert un véhicule toujours aussi performant en conduite tout-terrain, qui n’a en rien perdu son esprit originel. Un soulagement et surtout une très bonne surprise, alors que le baroudeur reste fidèle à lui-même, tout en perdant son malus écologique et en assurant son avenir. Conservant ses aptitudes, il reconduit aussi ses quelques défauts, notamment sa prise de roulis et sa direction trop imprécise sur route ouverte. Mais dans l’ensemble, le 4X4 américain reste un véhicule très convaincant, à condition de l’utiliser pour l’usage pour lequel il fut conçu.