Essai Mazda 3 e-Skyactiv-x : le compromis idéal ?

Combinant sur le papier les avantages de l’essence et du diesel, cette Mazda 3 e-Skyactiv-X se montre t-elle convaincante en pratique ? Nous en avons pris le volant pour le savoir.

S’il y a bien un constructeur qui n’a jamais voulu faire comme les autres, c’est sans aucun doute Mazda. Entre son iconique moteur rotatif, qui aura notamment remporté les 24 Heures du Mans en 1991 et sa MX-5 qui résiste encore et toujours à l’appel du turbo, du downsizing et de l’électrification, la firme japonaise indépendante n’aime pas vraiment suivre le mouvement. Et elle l’a prouvé une fois de plus en dévoilant en 2017 son nouveau moteur Skyactiv-X, qui équipe notamment les Mazda 3 et CX-30, et qui devrait a terme remplacer le Skyactiv-G standard, présent sur le reste des modèles de la gamme. Sur le papier, celui-ci n’a alors rien d’un moteur classique, combinant les avantages de l’essence et du diesel. Pas de downsizing, mais bien un vrai quatre cylindres, qui profite alors d’une technologie innovante, permettant de réduire très nettement ses émissions ainsi que sa consommation. En théorie, tout semble idéal. Mais en pratique ?

Nous avons donc voulu tester ce bloc Skyactiv-X, afin de savoir s’il tient vraiment ses promesses. Notez par ailleurs que celui-ci s’offre le préfixe « e » puisqu’il est associé à un système de micro-hybridation 24 volts, afin d’améliorer encore un peu plus son efficience. C’est installé sous le capot de la Mazda 3 que nous avons voulu découvrir cet étonnant moteur, un brin révolutionnaire. L’occasion également de tester la compacte star de la marque, dont la 4ème et actuelle génération fut officiellement présentée en 2018, à l’occasion du salon de Los Angeles. Très fortement inspirée du concept Kai, dévoilé au salon de Tokyo en 2017, celle-ci se démarque très nettement de la précédente version, tant en termes de style que de technologies, avec une dotation faisant un très net bond en avant.

A noter par ailleurs que quelques évolutions ont été apportées en 2021, avec une puissance passant de 180 à 186 chevaux, pour un couple gagnant 16 Nm. Au profit du dynamisme ? C’est ce que nous avons voulu savoir. Nous vous proposons donc d’embarquer avec nous à bord de cette Mazda 3 e-Skyactiv-X, qui, vous le verrez, n’a absolument rien à envier à ses rivales premium, et notamment Allemandes…

Essai Mazda 3 e-Skyactiv-x : look de concept-car

Chez Mazda, on connait bien sûr les modèles mythiques, tels que les MX-5 et autres RX-7. Mais si la firme a su créer de véritables légendes et des autos excitantes en tous points, elle a aussi engendré des modèles au style plus passe-partout, voire presque ennuyeux, il y a quelques années. Cette époque est néanmoins révolue, grâce entre autres à un gros travail effectué sur la signature stylistique en 2010. Exit les lignes fades, place au Kodo Design, une philosophie tournée vers le mouvement, adoptée par tous les modèles de la marque et récompensée par de nombreux prix au fil des années. Si le style reste toujours très subjectif, il semblerait que celui de la Mazda 3 fasse néanmoins l’unanimité. On se rappelle qu’en 2020, elle remporta le trophée du « Design Mondial de l’Année », attribué par le jury du World Car Awards. Inspirées du concept-car Kai, dévoilé en 2017, les lignes de la compacte font preuve d’une certaine élégance, qui contraste avec les traits souvent torturés des productions japonaises, chez Lexus et Honda, notamment.

Ici, au contraire, le dessin est épuré, de même que la silhouette. De profil, elle est d’ailleurs plutôt harmonieuse, malgré une partie arrière qui alourdit un peu l’ensemble. Il est néanmoins possible d’opter pour une version à coffre, bien plus équilibrée selon nous. La poupe est cependant tout aussi réussie que l’avant, avec ses feux étirés et son diffuseur noir, intégrant deux sorties d’échappement rondes. L’ensemble affiche alors une certaine prestance, sans lourdeur aucune. Un vrai tour de force de la part des designers de la marque, qui ont réussi à créer une auto qui ne manque pas de charme, sans trop en faire. Une philosophie également adoptée dans l’habitacle, qui a fait un vrai bond en avant par rapport à une ancienne version, déjà très réussie. Ici, le poste de conduite se veut moderne mais jamais too-much, En plus d’être élégant, celui-ci flatte l’oeil et le toucher avec ses matériaux de qualité, qui placent cette Mazda 3 au niveau de certaines premium allemandes. Mais au contraire de ces dernières, la firme nippone ne souhaite pas noyer le conducteur sous une débauche d’écrans.

En effet, la compacte se contente alors d’une dalle centrale de 8,8 pouces, très simple d’utilisation mais malheureusement pas tactile. Un gros défaut, heureusement corrigé sur le nouveau MX-30. Celui-ci est associé à un combiné associant compteurs analogiques et écrans. Pas forcément très moderne, mais diablement efficace, d’autant plus qu’il est complété par un affichage tête-haute livré de série dès l’entrée de gamme. Malgré son empattement de 2,73 mètres, la compacte offre une habitabilité plutôt moyenne aux places arrière, notamment pour l’espace aux jambes. Les surfaces vitrées réduites, au profit de l’esthétique assombrissent également l’intérieur. A l’avant, la position de conduite est agréable, tandis que les sièges électriques et chauffants offrent à la fois confort et maintien. L’ensemble est plus que convaincant, tandis que la dotation est plutôt généreuse. De son coté, le volume de coffre est quant à lui compris entre 334 et 1 026 litres, ce qui est très moyen pour la catégorie. A titre de comparaison, la Volkswagen Golf affiche quant à elle 380 litres lorsque la banquette est en place.

Essai Mazda 3 e-Skyactiv-x : douceur de vivre

Si la marque n’est pas du genre à suivre la mode, force est de constater qu’elle a néanmoins succombé à une tendance : la disparition du diesel. La gamme se compose donc de deux offres essence, à savoir le 2,0 litres Skyactiv-G de 122 chevaux ainsi que le 2,0 litres e-Skyactiv-X de 186 chevaux. Un choix assumé de la part de la marque nippone, qui a cependant plus d’un tour dans son sac. Car si le gazole a effectivement déserté le catalogue, celui-ci est indirectement remplacé par le « X », qui promet de combiner les qualités de l’essence et du diesel. Comment ? Grâce à un fonctionnement très différent d’un bloc classique, cumulant alors un allumage par bougies et un allumage par compression, dont le taux a été abaissé. Un système astucieux, développé par les ingénieurs de la marque, qui ont également revu le système électronique afin de limiter les cliquetis. Sur le papier, tout cela promet alors une consommation et des émissions en baisse, de l’ordre de 20 % par rapport au Skyactiv-G, tout en offrant plus de couple, et donc de souplesse. Les atouts du diesel donc, couplés à la réactivité, à la fiabilité et au confort de l’essence. Une alliance gagnante donc, sur le papier tout du moins.

Et sur la route ? Et bien cela se traduit par un tempérament très doux, avec un moteur très souple et coupleux, rendant la conduite confortable. Associé à une boite automatique à six rapports très douce, l’ensemble est très agréable, à défaut d’être dynamique. Les rapports très long de la transmission, ainsi que l’absence de suralimentation obligeront en effet parfois à rétrograder lorsque l’on a besoin de toute la puissance, quant à elle largement suffisante pour le quotidien. Aucune trace de sportivité donc avec cette Mazda 3 Skyactiv-X, qui se sent en revanche particulièrement à l’aise en ville et sur autoroute, grâce à une excellente insonorisation, que ce soit du côté du moteur comme des bruits de roulement. Si cela peut sembler être un simple détail, on appréciera également le Stop & Start, qui fait parfaitement son job aux feux tricolores, tout en douceur, contrairement à la plupart des véhicules du marché. Dommage néanmoins que le moteur soit un peu creux à bas régime, et qu’il faille donc le pousser dans les tours pour profiter d’un peu de pep’s.

Au détriment de la consommation, évidemment. Celle-ci est alors en théorie affichée à 6,0 litres, ce qui est plutôt bon sans pour autant être totalement révolutionnaire. Mais si un diesel aurait pu faire aussi bien, cela aurait sans doute été au prix du confort et de l’agrément de conduite.Car cette Mazda 3, bien que tournée vers le confort avec un moteur très linéaire affiche de belles prestations et un comportement très convaincant et surtout rassurant. L’agrément de conduite est au rendez-vous, avec un châssis très sain et une prise de roulis maîtrisée. La direction est quant à elle précise et bien calibrée, bien que parfois un peu ferme lorsqu’il s’agit d’effectuer des manoeuvres demandant une certaine précision. La suspension est quant à elle assez rigide, ce qui profite alors au dynamisme mais beaucoup moins au confort, les aspérités de la route se ressentant alors pas mal, notamment à haute vitesse. Dans l’ensemble, cette Mazda 3 distille une sensation de sérénité, sans jamais brider le conducteur, grâce à des assistances électroniques efficaces mais jamais envahissantes, nous laissant toujours maître à bord.

Essai Mazda 3 e-Skyactiv-x : pour résumer

Mazda ne fait jamais rien comme tout le monde, et cette « 3 » nous le prouve une fois encore. A contre-courant de la tendance électrique, la compacte japonaise apporte une touche d’originalité et d’exotisme dans un marché bien morose. Une minuscule hybridation légère, un vrai quatre cylindres, pas de turbo et une technologie Skyactiv-X inédite, combinant les avantages du diesel et de l’essence. En pratique, cela donne une auto au caractère très souple et linéaire, qui garantit une conduite confortable, sans les vibrations ni bruits parasites typiques des moteurs diesel. Assez paradoxalement pourtant, le châssis et la direction informative ne demandent que des routes sinueuses. Une dualité intéressante, qui rend cette auto d’autant plus fascinante. Les amateurs de dynamisme auront néanmoins plus tendance à se tourner vers la concurrence, cette Mazda 3 ciblant plutôt les gros rouleurs et les inconditionnels du diesel. Mais une chose est sûre, la firme d’Hiroshima nous prouve une fois de plus que le thermique a encore un bel avenir !

Essai Mazda 3 e-Skyactiv-x : fiche technique

• Moteur : quatre cylindres en ligne, 1 993 cm3, atmosphérique, injection directe essence
• Transmission : automatique à six rapports, traction
• Puissance : 186 ch à 6 000 tr/min
• Couple : 240 Nm à 4 000 tr/min
• Dimensions : 4,46 x 1,80 x 1,44 m
• Poids : 1 421 kg
• 0 à 100 km/h : 8,4 secondes
• Vitesse maximale : 216 km/h
• Volume de coffre : de 334 à 1 026 litres
• Consommation moyenne : 6,0 l/100 km
• Émissions de CO2 / malus : 137 g/km / 240 €
• Prix : à partir de 29 400 €

Essai Mazda 3 e-Skyactiv-x : les photos