Essai Renault Austral hybride 200 ch Esprit Alpine : retour en force

Remplaçant un Kadjar dont les ventes n’ont jamais vraiment décollé, le Renault Austral arrive dans la gamme avec de fortes ambitions. Et parmi elles, pouvoir rivaliser avec la Peugeot 3008, toujours la référence du segment.

Lancé en 2015, le Renault Kadjar n’a malheureusement jamais réussi à se faire une belle place sur le marché. Mis à mal par une Peugeot 3008 plébiscitée par la presse et les clients, le SUV au losange, cousin du Nissan Qashai s’est écoulé à 685 261 exemplaires jusqu’en 2022. Puis il s’en est allé, en toute discrétion, laissant alors encore plus de place à sa rivale au lion pour gagner le coeur des clients. Mais pas question pour le constructeur de s’avouer vaincu. C’est ainsi qu’en mars dernier, elle dévoile son tout nouvel Austral. Remplaçant indirect du Kadjar, il fait alors sa première apparition devant le public lors de la dernière édition du Mondial de l’Auto. Un vent de renouveau souffle sur la marque, alors que son patron, Luca de Meo souhaite repartir sur de nouvelles bases en renouvelant tout son catalogue.

Le but est alors clair : monter en gamme et surtout aller chasser sur les terres de Peugeot. Pour cela, il est donc important de repartir de zéro avec une nouvelle proposition plus qualitative. Cela passe avant tout par un nouveau style, inauguré par la Renault Mégane E-Tech Electric. Plus anguleux, l’Austral en impose et gagne en prestance par rapport à son devancier aux lignes un peu plus fades. Une stratégie gagnante pour ce nouveau SUV, qui fait alors partie des finalistes du trophée européen de la Voiture de l’Année, face aux Peugeot 408, Nissan Ariya et autres Volkswagen ID.Buzz. Un prix finalement remporté par le Jeep Avenger. Mais cela n’empêche pas l’Austral de séduire, alors que plus de 3 318 unités ont été vendues alors même que les livraisons ont débuté au mois de décembre. Un démarrage très encourageant !

Mais si ce nouvel arrivant est très séduisant sur le papier, qu’en est-il sur la route ? Pour le savoir, nous avons pris le volant de ce nouveau Renault Austral dans sa version hybride 200 chevaux Esprit Alpine. Il s’agit alors de la finition la plus haute de la gamme, qui constituerait une vente sur deux depuis le lancement du SUV selon le constructeur.

Essai Renault Austral hybride 200 ch Esprit Alpine : un style plus mature

Avec cet Austral, Renault veut faire table rase du passé, et notamment de l’échec commercial du Kadjar. Ainsi, pas question de conserver un style dans la continuité, d’autant plus qu’entre-temps, l’identité esthétiques a été transformée, avec le lancement de la Mégane E-Tech. C’est ainsi que le nouveau SUV reprend les codes inaugurés sur la compacte électrique, à commencer par le nouveau logo. Présenté pour la première fois sur le concept R5 Electric, celui-ci s’inspire de l’emblème des années 1970 et équipe désormais tous les nouveaux modèles de la marque. Nous retrouvons également des optiques en boomerang, qui encadrent une calandre totalement retravaillée arborant un traitement noir laqué.

Ce dernier permet alors de distinguer la finition Esprit Alpine inaugurée sur cet Austral. Celle-ci se distingue également par les jantes de 20 pouces ainsi que la teinte grise satinée exclusive. Sans parler des badges reprenant le logo de la firme dieppoise, ce qui n’a pas manqué d’interpeller les passants. Et c’est justement ça l’objectif de Renault, qui capitalise sur le côté passion de sa marque sportive pour attirer le regard et séduire. Une stratégie gagnante ? Sans doute, alors que cette finition rencontre déjà un franc succès. Pourtant, le SUV n’a pas grand-chose d’une berlinette, à commencer par ses dimensions, avec une longueur de 4,51 mètres pour 1,83 mètre de large et 1,62 de haut.

Un gabarit généreux pour celui qui affiche haut et fort ses ambitions familiales. Néanmoins, il faudra encore patienter avant de voir arriver un tout nouveau modèle sept places dans la gamme, qui remplacera alors l’Espace. De profil, le Renault Austral semble plutôt équilibré et bien campé sur ses roues et affichant une ceinture de caisse très haute. Ainsi, les surfaces vitrées sont réduites, sans pour autant tomber dans la caricature. La poupe est quant à elle un peu plus classique mais somme toute réussie. Nous découvrons alors une nouvelle signature lumineuse qui rappelle les optiques avant tandis que le bouclier proéminent apporte une certaine prestance à l’ensemble.

Essai Renault Austral hybride 200 ch Esprit Alpine : plus techno que jamais

Lorsque l’on prend place à bord de ce nouveau Renault Austral, nous sommes d’emblée frappés par la présentation totalement nouvelle par rapport à ce que nous proposait la marque jusqu’à présent. Cependant, ceux qui ont déjà pu prendre le volant de la Mégane E-Tech seront un peu moins surpris, puisque le SUV reprend la présentation de la compacte électrique. L’ensemble est alors très moderne, voire même un peu audacieux comme le prouve le grand volant à la forme presque rectangulaire. Plutôt étonnant mais rassurez-vous, il n’est pas du tout désagréable à prendre en main, d’autant plus qu’il est également chauffant sur notre modèle d’essai.

Globalement, les matériaux sont plutôt flatteurs, de même que la qualité perçue, alors que la finition Esprit Alpine se distingue par une sellerie mixte allant le tissu effet carbone et l’alcantara avec des surpiqûres bleues. Nous retrouvons également des logos un peu partout, sur les tapis et les appuie-têtes. A vrai dire, l’emblème de la marque normande est presque plus présent que le losange, c’est dire ! Le conducteur profite alors d’une position confortable, même si le combiné numérique de 12,3 pouces est un peu trop bas selon nous. Ce dernier se veut très moderne mais nous aurions aimé un peu plus de possibilités de personnalisation.

Il est alors associé à un indispensable affiche tête-haute ainsi qu’à un grand écran tactile de 12 pouces en position verticale. Ce dernier embarque un tout nouveau système d’info-divertissement fourni par Google compatible avec 35 applications. Si l’on apprécie sa réactivité, il nécessite tout de même un petit temps d’adaptation. L’ergonomie est plutôt bonne bien que quelques éléments soient perfectibles, comme la console centrale et son étonnant repose-poignet, ainsi que le sélecteur de vitesse sur le volant. On notera tout de même les nombreux rangements ainsi que le coffre dont le volume oscille entre 555 et 1 455 litres.

Essai Renault Austral hybride 200 ch Esprit Alpine : encore perfectible

Ne cherchez pas de moteur purement thermique dans la gamme de ce Renault Austral, puisqu’il n’y en a tout simplement pas. En effet, le catalogue se compose uniquement d’alternatives électrifiées, avec un trois cylindres 1,2 litre mild-hybrid et un quatre cylindres 1,3 litre également doté d’un système 48 volts. Il est également possible d’opter pour une variante full hybrid E-Tech, qui associe un moteur essence et deux moteurs électriques pour une puissance totale de 200 chevaux et 410 Nm de couple. C’est justement cette version que nous avons eu la chance de tester durant quelques jours. Si celle-ci n’avait pas forcément enthousiasmé les journalistes lors de la première salve d’essais, la marque affirme avoir retravaillé certains éléments pour rendre la conduite plus agréable. C’est ce que nous allons voir. On notera également que le SUV ne reprend pas la plateforme du Kadjar mais repose sur la CMF-CD du Nissan Qashqai.

Un changement qui profite évidemment au comportement routier et à l’agrément de conduite, alors que son devancier affichant un caractère assez pataud. Bien sûr, il ne faudra pas vous attendre à vous retrouver au volant d’un SUV sportif, ce n’est pas le but. Mais il faut admettre que cet Austral gagne en dynamisme, malgré une prise de roulis encore bien présente et un agrément encore très éloigné de la Peugeot 3008. De plus, la motorisation hybride rajoute quelques kilos sur la balance qui se ressentent tout de même pas mal dans le courbes. On appréciera l’amortissement bien calibré ainsi que la souplesse de la direction, qui manque toutefois cruellement de remontée d’information. Un point qui nous a tout de même agréablement surpris, c’est le diamètre de braquage, très bon pour un véhicule de cette taille grâce au système 4Control avec les roues arrière directrices, disponible en option moyennant 1 800 €.

De son côté, la motorisation hybride est encore légèrement perfectible, alors que le passage entre l’électrique et le thermique est trop brutal, le trois cylindres ayant alors tendance à monter dans les tours et à vibrer. La boite automatique à crabots est également un peu décevante, donnant parfois des à-coups et étant un peu trop lente quel que soit le mode de conduite choisi. Ils sont alors au nombre de quatre, à savoir Confort, Eco, Sport et Perso, le premier étant toujours activé par défaut. A noter que la force de la régénération au freinage peut être modifiée via les palettes autour du volant. Dommage que le feeling de la pédale manque de naturel, comme c’est le cas sur de nombreuses voitures hybrides. La batterie se recharge quant à elle rapidement dans les descentes et à la décélération, permettant selon Renault de rouler 80 % du temps en électrique sur des parcours purement urbain. Attention, car il s’agit d’une configuration auto-rechargeable, qui ne se branche donc pas.

Essai Renault Austral hybride 200 ch Esprit Alpine : pour résumer

Avec cet Austral, Renault fait un net bond en avant par rapport au Kadjar. Style plus moderne, qualité perçue en hausse et système d’info-divertissement revu et plus moderne, tout a été réinventé sur le SUV. Néanmoins, quelques éléments sont encore perfectibles notamment en ce qui concerne la conduite. Si l’agrément a été très nettement amélioré, on déplore encore une gestion du système hybride assez moyenne et un moteur trois cylindres rugueux et bruyant. Néanmoins, ce nouvel arrivant dans la gamme est globalement assez convaincant et devrait connaître une belle carrière. Au point de faire du mal à la Peugeot 3008 ? Affaire à suivre…

Essai Renault Austral hybride 200 ch Esprit Alpine : fiche technique

• Moteur : trois cylindres en ligne, 1 199 cm³, essence, turbo, injection directe + deux moteurs électriques
• Transmission : automatique à sept rapports, traction
• Puissance : 200 ch
• Couple : 410 Nm
• Dimensions : 4,51 x 1,83 x 1,62 m
• Poids : 1 517 kg
• 0 à 100 km/h : 8,4 secondes
• Vitesse maximale : 175 km/h
• Volume de coffre : de 555 à 1 455 litres
• Émissions de CO2 / malus : 105 g/km / pas de malus
• Consommation en cycle mixte : 5,2 l /100 km
• Prix : à partir de 42 900 €

Essai Renault Austral hybride 200 ch Esprit Alpine : les photos