50 ans de la Renault 5 : essai de la version originelle et rétrofitée
A l’occasion des 50 ans de la Renault 5, la firme au losange nous a offert une belle opportunité : prendre le volant de la mythique citadine de 1972. L’occasion également de tester une inédite version rétrofittée, équipée d’une motorisation électrique.
Cela fait déjà cinquante ans que la Renault 5 a vu le jour. Un bel anniversaire pour celle qui devint rapidement une véritable icône du monde automobile. C’est bien simple, tout le monde a déjà entendu parler de la R5 et beaucoup ont eu un exemplaire de la citadine au losange dans sa famille. Descendante directe de la Renault 4, la « 5 » fut lancée en 1972 et fut baptisée ainsi en raison de ses cinq chevaux fiscaux. Dessinée par le designer Michel Boué, la star de la marque tricolore se distinguait de sa rivale, la Peugeot 104 par sa conception inédite à trois portes, très audacieuse à l’époque.
Mais ce n’est pas la seule chose qui fait de la Renault 5 une auto un peu à part dans l’Histoire. Et pour cause, celle-ci fut la toute première voiture en Europe a être équipée de pare-chocs en plastique, remplaçant alors ceux en chrome. C’est également la première fois que l’on découvre sur une citadine un hayon s’ouvrant jusqu’au bouclier. Une innovation rapidement copiée par les autres constructeurs. Car cette Renault 5 connut un véritable succès. Elle resta pendant plus de 10 ans la voiture la plus vendue en France, devancée par la suite par la Peugeot 205. Au total, ce sont plus de neuf millions d’exemplaires qui ont été produits, au sein de l’usine de Flins.
C’est justement là que Renault nous a convié, afin de nous faire découvrir une superbe rétrospective retraçant l’histoire de la R5. Une superbe exposition réservée aux médias, comprenant plus d’une vingtaine de voitures, de la version originelle de 1972 à la Renault 5 Alpine en passant par les modèles de compétition, sans oublier les versions destinées à la police. Mais ce n’est pas tout, car nous avons eu le privilège de nous approcher encore plus près du concept Renault 5 Diamant, conçu par le designer Pierre Gonalons. Mais ce ne fut la la seule belle surprise de la journée, puisque la marque nous a également offert l’opportunité de prendre le volant de l’une des voitures de la collection de Renault Classic.
Exposition 50 ans de la Renault 5 : les photos
Essai Renault 5 : un autre univers
Nous voici donc face à notre monture du jour, une Renaut 5 L de 1972. Il s’agit de l’une des premières voitures sorties d’usine et cela se voit à son logo, qui ne fut utilisé que pendant un an. En effet, celui-ci était jugé trop proche de l’emblème d’une entreprise allemande, qui fit un procès à Renault et contraint la marque de changer son losange. Entièrement rénové, notre modèle d’essai est dans un état proche du neuf, avec sa carrosserie vert pomme impeccable, sans la moindre petite rayure. Un vrai petit bijou au moteur vrombissant, dès que l’on tourne la clé. Première surprise, la ceinture. Sur notre version, qui a tout de même cinquante ans, pas de système de blocage moderne, mais simplement un anneau, sur lequel on enclenche la ceinture. Autant vous dire que les normes de sécurité n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui ! Globalement, l’intérieur est très dépouillé, ce qui peut sembler un peu déstabilisant au début. Mais pas de panique, on s’y fait vite, et l’on apprécie ce poste de conduite spartiate, en opposition totale à la débauche de technologie de notre époque.
Les sièges offrent un maintien très relatif mais s’avèrent plutôt confortables, tandis que l’habitacle est globalement spacieux. Il faut dire que la carrosserie n’est pas bien épaisse ! Dès les premiers tours de roues, impossible de ne pas tomber sous le charme délicieusement désuet de cette petite Renault 5. Quel bonheur d’arpenter les jolies routes du Vexin à son bord ! Bien sûr, l’auto n’a pas tout le confort des voitures d’aujourd’hui, et c’est tant mieux ! La suspension est un peu sèche tandis que la direction est très dure tout en étant très floue également. Mais impossible de lui en tenir rigueur, car c’est aussi ça qui participe au charme de la belle ancienne. Sans parler du volant au diamètre imposant. Il faudra donc un petit temps d’adaptation pour réussir à bien appréhender la conduite de la Renault 5, bien plus difficile que celle des youngtimers des années 1990. Mais l’un des principaux points de vigilance reste le freinage. Celui-ci est en effet assuré par quatre freins à tambour et demande donc une grande anticipation, d’autant plus que la pédale est elle aussi un peu dure.
Bien évidemment, il ne faut pas s’attendre à avoir un foudre de guerre entre les mais. Mais si l’on choisit la R5, c’est surtout pour rouler tranquillement le week-end et prendre son temps. Car la citadine affiche une très forte prise de roulis et ses pneus très fins n’assurent pas forcément une excellente adhérence. Mais à vrai dire, ce n’est pas le plus important. Car rouler en Renault 5, c’est avant tout aimer les petits plaisirs simples, sans chercher la performance. Mais du haut de ses 36 chevaux issus de son quatre cylindres Billancourt de 782 cm3 la citadine au losange sait tout de même se montrer dynamique. Car si elle n’a pas la cylindrée de la TL, équipée du mythique moteur Cléon, notre petite « L » réussit à tenir la cadence, à condition de pas mal jouer du levier de vitesse. Et petite subtilité, celui-ci est installé sur le tableau de bord, en position vertical. Si cela peut sembler déroutant au premier abord, son maniement est en fait très simple et intuitif. En revanche, les rapports sont un peu flous, et il n’est pas toujours évident de savoir lequel est enclenché. Cela demande donc là encore un peu d’adaptation.
Essai Renault 5 : les photos
Essai Renault 5 électrique : le charme de l’ancien sans émissions
Après avoir passé une demi-journée au volant de la Renault 5 originelle, nous avons eu la chance de pouvoir conduire sa version électrique, conçue par le Méhari Club Cassis. Déjà connu pour avoir électrifié des Citroën 2CV et autres Renault 4L, l’organisation s’est donc attaqué à la mythique citadine, qui a alors notamment servi de navette à Roland-Garros. Notre exemplaire s’est d’ailleurs mis au couleurs du tournoi, multipliant les clins d’oeil au tennis, à travers le sol en fausse terre battue ou encore les rangements de portières en filet. Une belle transformation pour la star de la marque au losange, et une manière étonnante de fêter ses 50 ans, entre tradition et modernité. Une sorte de chaînon manquant entre la R5 originelle et la future version électrique, annoncée par un concept dévoilé en janvier 2021. Pour arriver à un tel résultat mais également réduire les coûts de la transformation, les équipes du MCC a souhaité conserver un maximum de pièces de la voiture.
C’est donc pour cela que notre modèle d’essai a notamment gardé sa boîte de vitesse à quatre rapports, associée à une motorisation 100 % électrique de 22 kW, soit environ une trentaine de chevaux, se rapprochant alors de la version originelle. La batterie est quant à elle installée dans le coffre, réduisant donc énormément l’espace disponible pour transporter des affaires. L’autonomie WLTP est quant à elle estimée à environ 80 km, ce que nous n’avons pas forcément eu l’occasion de tester. Mais l’un des aspects les plus déroutants sur cette Renault 5 rétrofittée, c’est surtout le passage des rapports. Celui-ci se fait finalement assez naturellement, mais il faut bien penser à ne pas débrayer et accélérer en même temps, comme nous le ferions pour une boite manuelle classique. Le couple étant trop important, cela pourrait en effet endommager l’embrayage. Une fois cette petite subtilité bien comprise, nous nous lançons sur les routes de campagne au volant de notre citadine électrique. Si la version thermique a ce petit truc en plus, cette variante est toutefois très agréable et plaisante.
Profitant d’une tenue de route très légèrement améliorée grâce à son poids en hausse, elle jouit toutefois d’un comportement similaire à la version originelle. De quoi garder le charme de la R5, tout en profitant d’une conduite plus douce et silencieuse. Ou presque, car elle émet un son qui nous rappelle un petit moteur thermique, ce qui n’est bien sûr pas pour nous déplaire. Ne vous attendez en revanche pas à de franches accélérations, puisque celles-ci sont identiques à ce que l’on connait sur la Renault 5 standard. L’ensemble peut donc sembler un peu poussif, mais n’oublions pas que cette voiture a surtout pour but d’être conduite à un rythme doux, sans être pressé. Il s’agit avant tout d’un petit jouet conçu pour prendre du bon temps le week-end, pas pour rouler au quotidien pour se rendre au travail. On apprécie également le suspensions souples et la direction un peu moins ferme que sur la version thermique, bien qu’elle reste assez floue. A vrai dire, et comme pour l’ancienne, on lui pardonne aisément ses petits défauts, car ce qui compte, c’est avant tout le sourire qu’elle nous donne quand on la conduit.