Essai Hyundai i20 N : dernière du genre

A l’heure où les GTI ont tendance à disparaître, Hyundai déboule sur le marché avec une i20 N qui n’a rien de politiquement correct. Et on adore.

Si vous êtes un passionné d’automobile, vous n’êtes pas sans savoir que les sportives n’ont plus vraiment le vent en poupe. Non pas que la demande n’est pas là, mais il faut surtout aller regarder du côté des grandes instances françaises et européennes pour comprendre la disparition successive de tous les modèles sportifs un tant soit peu abordables du marché. Les coupables ? Un malus en hausse constante et des réglementations strictes qui contraignent désormais les marques à s’électrifier massivement. Et a devoir abandonner les modèles plaisir. Peugeot l’a déjà fait, en ne reconduisant pas la 208 GTi, de même que Renault, qui a mis sa Clio RS à la retraite avec l’arrivée de la nouvelle génération. Cependant, tout n’est pas perdu, alors que certains continuent de persister, à l’image de Ford avec sa Fiesta ST ou encore Toyota avec sa très fun GR Yaris, qui nous avais très agréablement surpris lors de notre prise en mains. Citons également Volkswagen, qui a reconduit sa Polo GTI, récemment restylée. Des citadines sportives qui se font donc de plus en plus rares à l’heure actuelle, au grand dam des passionnés, alors que l’offre se réduit comme peau de chagrin.

Si les marques européennes sont de plus en plus frileuses, ce n’est cependant pas le cas des constructeurs étrangers, et notamment asiatiques. Du coté de la Corée aussi, on aime le sport auto et le plaisir, et notamment chez Hyundai. Si la firme a récemment mis fin à la commercialisation de l’i30 N en France, pour les raisons citées au début de notre essai, les amateurs ont rapidement pu sécher leurs larmes. En effet, à la surprise générale, la firme a décidé de lancer chez nous sa petite soeur, l’i20 N, version très énervée de la citadine renouvelée en début d’année dernière. Une excellente nouvelle, qui met un peu de baume au coeur dans une période plutôt morose pour les amateurs de sensations et tous ceux qui recherchent une voiture à la fois dynamique et abordable. Sans faire appel aucune forme d’hybridation, pourtant l’un des domaines d’expertise de la marque, cette petite i20 N va totalement à contre-courant de la tendance et sonne comme un joli pied de nez aux normes et autres contraintes « écologiques ». Pas politiquement correcte pour un sou, la sportive coréenne a sur le papier, tout ce qu’il faut pour séduire les derniers puristes.

Mais en pratique ? C’est ce que nous avons voulu savoir en prenant le volant de la citadine sportive le temps d’un week-end. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que nous avons passé un moment plutôt sympathique…

Essai Hyundai i20 N : petite boule de nerfs

Dès le premier coup d’oeil, on sait d’emblée que nous ne sommes pas vraiment face à une i20 standard, et ce même si celle-ci est déjà très agressive, avec ses lignes un brin torturées. Si la (feu) i30 N se montrait relativement sage, malgré ses traits emprunts de dynamisme, sa petite soeur et unique représentante du badge N en France suit quant à elle une toute autre trajectoire. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la citadine ne fait pas dans la dentelle. Moins bodybuildée de la Toyota GR Yaris, sa rivale toute trouvée qui ne l’est pourtant pas tant que ça, cette Hyundai i20 N se distingue d’une autre manière. Déjà, grâce à sa teinte bleu Performance, la seule option, affichée à seulement 550 €. A ce prix-là, difficile d’hésiter, surtout qu’elle apporte un vrai plus à la citadine, qui ne manque pas d’attirer les regards ! Une couleur qui tranche alors avec le rouge, présent un peu partout, sur la lame avant, les bas de caisse ou encore le bouclier arrière. Il sera cependant possible de choisir une teinte plus discrète, la citadine se déclinant aussi en blanc, rouge et gris.

Si l’avant se veut en réalité assez proche de la version standard, ce n’est pas le cas de la partie arrière, qui a profité d’un gros travail de la part des designers. Outre les optiques très anguleuses et assez clivantes, identiques au reste de la gamme, nous découvrons un bouclier légèrement différent, intégrant une double sortie d’échappement ovale, dont une canule équipée d’un clapet actif particulièrement visible. Mais ce qui donne cet look si insolent à cette petite boule de nerfs qu’est l’i20 N, c’est sans aucun doute son petit aileron perché sur le toit. En toute honnêteté, ça ne sert à rien. Mais ne dit-on pas que ce qui est inutile est indispensable ? S’il ne vous aidera sans doute pas à battre un record sur le Nürburgring, il a au moins le mérite de donner un air totalement débridé à la citadine sportive, qui ne l’est pas qu’en apparence, vous allez le voir. Avec une longueur contenue de seulement 4,08 mètres, la Hyundai i20 N reste une citadine compacte, un format qui favorise le dynamisme et l’agilité, tout en lui donnant un air de petite auto qui ne demande qu’à bondir. Bien sûr, le style de la petite coréenne reste très clivant, et est loin de faire l’unanimité. Mais qu’importe, car elle attire le regard, et annonce d’emblée la couleur !

Essai Hyundai i20 N : à bord, le sport à petite dose

Si l’extérieur de cette Hyundai i20 N se veut ultra exubérant et un emprunt d’une certaine folie, c’est en revanche loin d’être le cas de l’intérieur. Comme sur de nombreux modèles sportifs dérivés d’une auto standard, les différentes sont généralement assez minimes, ce qui permet à la marque de limiter les dépenses. Cela a également l’avantage de ne pas trop dépayser les clients, et surtout de ne pas réduire le confort, car cette i20 N, comme de nombreuses autres petites voitures dynamiques ont aussi vocation à être utilisées (presque) tous les jours. Logique donc que le poste de conduite reste quasiment inchangé par rapport à la version standard, avec son écran tactile de 10,25 pouces, associé à un combiné numérique de taille identique, dont la présentation change en fonction du mode de conduite. Si la qualité perçue est plutôt bonne, on regrette cependant la présence de quelques plastiques durs, ainsi qu’une ergonomie assez moyenne en ce qui concerne le sytème d’info-divertissements. Quelques fonctions auraient en effet mérité un bouton d’accès direct, tel que le Launch Control, qui nécessite d’ailler fouiller dans les sous-menus. Dommage, car dans l’ensemble, le reste est très moderne et fait un net bond en avant par rapport à ce que nous proposait la marque quelques années plus tôt.

Bien sûr, Hyundai a souhaité mettre l’accent sur le coté sportif de sa citadine, en lui offrant quelques détails bien spécifiques. A commencer par les sièges baquet à réglage manuel, qui offrent un très bon maintien et un confort correct. Ceux-ci sont décorés de surpiqures bleu clair, une teinte similaire à la carrosserie que l’on retrouve également sur le volant et les portes. On appréciera également le bouton Rev, qui n’est pas sans nous rappeler la commande de démarrage chez Ferrari. Sympa comme clin d’oeil ! A l’arrière, l’habitabilité est plutôt correcte, avec un espace à la tête et aux jambes largement suffisant pour tous les jours et pour les longs trajets. De son côté, le coffre affiche un volume oscillant entre 352 et 1 165 litres, ce qui situe la citadine dans la moyenne du segment, la rendant alors assez polyvalente pour un usage quotidien. D’ailleurs, Hyundai n’a pas lésiné sur les équipements de confort et de sécurité, tous livrés de série sur cette i20 N. Parmi eux, citons entre autres la climatisation automatique, la caméra de recul, le freinage automatique d’urgence avec détection des piétons ainsi que l’aide au stationnement avant.

Essai Hyundai i20 N : les courbes comme terrain de jeu

Avant de démarrer et de faire ronronner l’échappement, penchons-nous quelques minutes sur la fiche technique de cette petite Hyundai i20 N. Car celle-ci en serait presque surprenante, à une époque où les constricteurs sont contraints de réduire le nombre de cylindres et de faire appel à la fée électricité. Pourtant, sous le capot de la citadine totalement dévergondée, pas la moindre trace d’électrification, pas même qu’une micro-hybridation 48 volts, comme sur la version standard. Pas très politiquement correct, vous en conviendrez. Mais c’est cette audace qui fait le charme de la citadine, qui n’a pas souhaité succomber à l’appel du downsizing. Contrairement à sa rivale pourtant plus puissante, la Toyota GR Yaris, la petite boule de nerf coréenne a décidé de conserver un moteur quatre cylindres, d’1,6 litre, le tout accompagné d’un turbocompresseur, bien évidemment. D’ailleurs, les connaisseurs ne seront pas vraiment surpris face à ce T-GDI de 204 chevaux, puisque celui-ci équipe également la Kia Proceed GT, qui nous avait bluffé lors d’un précédent essai. Forcément, sur le papier, tout cela à l’air très prometteur, la marque ayant déjà fait ses preuves dans le domaine du sport auto et la compétition. On pense évidemment à ses succès en rallye, avec sa i20 WRC, qui nous donne déjà une bonne idée du savoir-faire des ingénieurs de la marque.

Mais n’espérez pas vous retrouver face à une voiture de rallye avec cette i20 N, contrairement à la GR Yaris avec ses quatre roues motrices. En effet, c’est plutôt sur les circuits que notre citadine coréenne sera le plus à l’aise, comme elle le laisse volontiers laisser entendre par son nom. Car au cas où vous posiez la question, le « N » signifie Nürburging, réputé comme le circuit le plus exigeant au monde. De quoi annoncer la couleur ! Et rassurez-vous, il ne s’agit pas d’une publicité mensongère, car la petite bombinette mérite vraiment son badge, comme vous allez le voir. Comme la i30 N avant elle, cette i20 N profite d’un châssis ultra-aiguisé, offrant une agilité incroyable dans les courbes. Une tenue de route que l’on doit également aux suspensions non pilotées très fermes, parfaitement adaptées à une conduite sportive, moins à un usage quotidien. On décèlera cependant une petite tendance au sous-virage, malgré la présence d’un différentiel autobloquant mécanique, tandis que la direction reste un poil trop souple par rapport au tempérament de l’auto. Mais dans l’ensemble, le contrat est respecté, et la voiture profite d’un comportement exaltant, à défaut d’être totalement exemplaire.

Une chose est sûre, vous prendrez votre pied au volant de cette Hyundai i20 N, qui n’a pas besoin d’être poussée à fond pour révéler tout son potentiel. Au contraire, c’est sur des circuits très techniques qu’elle s’appréciera le mieux, sa puissance maximale étant atteinte à 5 500 tr/min. Les 304 Nm de couple sont quant à eux disponibles très tôt, à partir de 2 000 tr/min, faisant de la citadine une vraie petite bombe spécialement conçue pour les routes sinueuses. Car en fin de compte, ce n’est pas tant l’accélération qui fait battre notre coeur ici, celle-ci n’étant pas forcément très fulgurante, même avec le Launch Control. Pas besoin de rouler vite pour s’amuser avec cette petite boule de nerfs, qui ne devrait donc pas trop mettre votre permis en danger. La recette du bonheur absolu ? Monter jusqu’à 4 000 tr/min et lâcher l’accélérateur pour entendre l’échappement à clapet actif crépiter. On ne s’en lasse pas. De son côté, la boite manuelle à six rapports offre des rapports très courts, tandis que la commande est précise. Quel plaisir de manier le levier, à l’heure où de ce type de transmission est en voie de disparition !

On adore également la fonction Rev Matching, activable sur simple pression du petit bouton rouge situé sur le volant, simulant un talon-pointe et donnant un léger coup de gaz au rétrograda, pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Vous l’aurez donc compris, cette Hyundai i20 N n’est pas vraiment le modèle le plus polyvalent pour un usage quotidien, malgré ses quatre modes de conduite. Si le caractère moteur est alors assagi dans les configurations Eco et Normal, la fermeté des suspensions ne facilite pas l’usage de tous les jours. Cependant, on salue le gros travail réalisé sur l’insonorisation, permettant de ne pas trop subir le son de l’échappement, qui reste sonore même lorsque le clapet est fermé. Bien sûr, son petit gabarit rend la citadine très maniable, une qualité qui sera plutôt exploitée en conduite sportive que dans les petites rues de Paris, où le combo pavés/suspensions ne devrait pas plaire à votre dos. Mais l’un des gros atouts de cette Hyundai i20 N, auquel on ne s’attendrait pas vraiment, c’est aussi sa consommation, qui reste plutôt raisonnable, même en conduite dynamique. De son côté, le malus est affiché à 1 276 €, avec des émissions de l’ordre de 158g/km.

Essai Hyundai i20 N : pour résumer

L’une des dernières représentantes du genre est aussi sans doute l’une des autos les plus amusantes du marché. Si l’accélération ne vous collera pas au siège, c’est surtout son efficacité et son comportement en courbes qui s’avère bluffant. Parfaitement imparfaite et pas politiquement correcte pour un sou, cette Hyundai i20 N est une vraie petite boule de nerfs qui se pilote pourtant avec une facilité déconcertante. Efficace et rassurante, elle distille de belles sensations, grâce à un châssis réglé aux petits oignons. Au risque d’être un poil trop ferme pour être utilisée au quotidien, mais qu’importe. Après tout, que coûte une séance hebdomadaire chez l’osthéopathe, face au plaisir d’être au volant de la bombinette ? Et puis, il ne faut pas oublier que la citadine reste l’une des dernières représentante du genre, d’où l’importance de savourer son petit grain de folie, et de pardonner ses petites imperfections. Car cette petite voiture est terriblement exaltante et apporte un vrai vent de fraîcheur sur un marché bien triste.

Essai Hyundai i20 N : fiche technique

• Moteur : quatre cylindres, 1 598 cm, turbo, essence, injection directe, 16 soupapes
• Transmission : traction, boite manuelle à six rapports
• Puissance : 204 ch à 5 500 tr/min
• Couple : 304 Nm à 2 000 tr/min
• Dimensions : 4,08 x 1,78 x 1,44 mètres
• 0 à 100 km/h : 6,2 secondes
• Vitesse maximale : 230 km/h
• Volume de coffre : 352 à 1 165 litres
• Consommation moyenne : 7,6l/km
• Émissions de CO2 / malus : 158 g/km / 1 276 €
• Prix : à partir de 27 800 €

Essai Hyundai i20 N : les photos