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Essai McLaren GT : presque parfaite ?

Avec sa GT, McLaren sort de sa zone de confort et propose une alternative plus polyvalente au reste de la gamme. Mais ce n’est pas pour ça qu’elle renie son ADN, au contraire.

Photo essai McLaren GT 2021

Lorsque l’on parle de McLaren, on a souvent en tête des modèles bien différents mais qui ont tous un point commun : la sportivité poussée à l’extrême. De la P1 à la Senna en passant par la 720S ou encore la 765LT, sans oublier la dernière Artura, les modèles iconiques ne manquent pas. Et ça, c’est évidemment sans parler de la mythique F1, qui a probablement bercé l’enfance de nombreux passionnés. McLaren, c’est la radicalité et le luxe poussé à leur paroxysme dans l’imaginaire collectif. Bref, on est loin d’une marque proposant des modèles grand public confortables et dédiés au longs voyages. Sauf que voilà, vendre des voitures ultra-sportives, c’est bien, mais ce n’est pas forcément ce qui rapporte le plus, et même les constructeurs les plus luxueux se doivent de s’adapter au marché et à la tendance. Si la firme ne souhaite absolument pas céder à celle des SUV, elle doit en revanche se diversifier et sortir de sa zone de confort pour rester attractive. C’est donc ainsi qu’est née la McLaren GT, qui semble sur le papier être en opposition totale avec la philosophie de la marque.

Confortable, polyvalente… bref, rien à voir avec une Senna qui mise tout sur la performance. Mais après tout, il y a de la place pour un modèle différent dans la gamme, d’autant plus que le constructeur s’était déjà essayé à l’exercice quelques années plus tôt, avec la 570GT lancée en 2017. Mais McLaren n’était alors pas vraiment allé au bout de l’idée, se contentant alors de transformer une 750S afin de la rendre un peu plus cossue. Avec sa GT, la firme de Woking passe donc au niveau supérieur et affirme un peu plus son ambition. Et ça fonctionne, alors que plus de 104 clients ont succombé au charme de la sportive en Europe l’année dernière, ce qui en fait l’une des supercars les plus vendues sur le territoire. Un chiffre plutôt satisfaisant pour une auto qui reste très exclusive, et que l’on ne risque pas de croiser à tous les coins de rue. Il semblerait donc que McLaren ait trouvé la recette du succès avec cette nouvelle venue, qui allie un tempérament de vraie GT à des performances de très haut vol, tout en conservant toujours l’ADN de la marque. Un vrai tour de force ! Mais quel est le résultat sur la route ?

C’est donc ce que nous avons voulu savoir en prenant le volant de cette McLaren GT, le temps d’un week-end, histoire de bien pouvoir assimiler toutes les facettes de cette auto (et aussi, pour bien en profiter, avouons-le). Allez, on vous emmène !

Essai McLaren GT : élégance et raffinement

Photo arrière McLaren GT V8 2021

Véritable élection libre dans la gamme, cette McLaren GT affirme haut et fort ses ambitions dès le premier coup d’oeil. Celle qui se positionne comme un modèle plus polyvalent adopte en effet un style plus sobre que le reste du catalogue, misant sur des lignes plus douces mais non dénuées d’un certain charme. Très agréable à l’oeil, il faut bien le dire, cette proposition est en totale opposition avec ce que nous propose d’ordinaire la marque. Et on adore ! Les traits sont emprunts d’un certain raffinement, sans pour autant renier l’ADN de la firme anglaise, avec toujours une sportivité non dissimulée. Assurément le modèle le plus discret de la gamme, cette GT ne fait pas dans l’excentricité et n’arbore aucun aileron, ni kit aérodynamique ostentatoire. Les designers ont en effet travaillé les lignes afin que celles-ci offrent une pénétration dans l’air optimale, sans avoir besoin d’appendices spécifiques, alors que chaque élément superflu semble avoir été traqué et gommé. Avec ses faux-airs de Speedtail, notamment au niveau de la partie arrière, cette McLaren GT est sans doute la plus élégante du catalogue. Mais la face avant percée de prises d’air, ainsi que les larges évents sur les flancs nous rappellent cependant que nous sommes face à une vraie supercar.

Très imposante visuellement, la McLaren GT affiche des dimensions généreuses, avec une longueur de 4,68 mètres, pour une largeur de 2,04 mètre. Un beau bébé, d’autant plus que sa hauteur de seulement 1,21 mètre attire inévitablement l’oeil, des passionnés comme des curieux. Car malgré sa teinte gris Saros plutôt discrète (mais facturée 8 070 € tout de même), la sportive de Woking en impose sur la route. Sa garde au sol de seulement 11 centimètre, associée à une lame avant noir laqué donne quelques indices supplémentaires sur ses intentions, rendant en apparence l’auto peu compatible avec une conduite urbaine. C’est sans compter sur le lift, une fonctionnalité s’activant d’un doigt, grâce à un commodo situé sur la colonne de direction et qui permet de relever l’avant de 3 centimètres. Idéal pour passer les ralentisseurs illégaux et se garer dans les parkings souterrains sans se faire trop de frayeurs. L’arrière aussi vaut le coup d’oeil, avec ses feux ne formant qu’une fine bande, surmontant un bouclier pour le moins impressionnant. Les ailes galbées rendent également la supercar imposante de l’arrière, et ça tombe bien, car c’est probablement sous cet angle que vous la verrez le plus souvent.

Essai McLaren GT : badge mérité

Photo poste de conduite McLaren GT 2021

Si McLaren est également connue pour ses intérieurs sportifs et épurés, le poste de conduite de la GT est de son coté bien plus cossu, faisant la part belle au confort. Car la sportive reste avant tout faite pour tailler la route, et elle soigne donc le conducteur et son passager, qui prennent alors place dans des sièges baquet offrant un excellent maintien. L’assise reste cependant assez ferme, un peu trop pour les longs trajets, bien que l’on apprécie la position de conduite, réglable électriquement via des boutons qui nécessitent quelques minutes d’adaptation. Outre le siège, la position du volant peut également être modifiée, afin d’optimiser le confort du conducteur. Et oui, cette McLaren n’est pas une GT pour rien. Si le poste de conduite est plutôt épuré, l’ergonomie générale reste cependant assez moyenne, et là encore, il faudra tâtonner un peu avant de tout comprendre, si vous n’êtes pas un habitué de la marque. On appréciera en revanche la qualité perçue de l’habitacle, qui allie le cuir et la fibre de carbone, que ce soit sur le volant ou encore autour de l’écran. Cependant, les finitions gagneraient à être améliorées, certains ajustements étant un peu décevants.

Une fois installé à bord, le conducteur profite d’un petit écran tactile de 7 pouces en position verticale, dont l’usage n’est pas forcément très intuitif d’entrée de jeu. Celui-ci est alors associé à un combiné numérique plutôt bien fait, dont l’affichage change en fonction du mode de conduite choisi. Mais côté technologie, ça s’arrête là pour la McLaren GT, qui reste largement en retrait par rapport à d’autres stars du segment sur ce point. Et c’est là que l’on voit que la marque fait ses débuts sur ce marché, ne maîtrisant donc pas tout à fait ses codes. Et pour cause, la sportive ne propose quasiment pas d’équipements de sécurité active et de confort, faisant notamment l’impasse sur le régulateur de vitesse adaptatif ou encore le détecteur d’angles morts. Pas d’Apple CarPlay non plus, ni même de sièges ventilés ou massants, bien que ceux-ci soient chauffants. Rien de dramatique, mais à ce prix-là, nous aurions pu nous attendre à un peu mieux. Mais le gros atout de cette McLaren GT reste incontestablement son espace de rangement. Bien sûr, nous sommes à bord d’une supercar deux places, et il ne faudra pas s’attendre à loger deux valises cabine. Mais avec un coffre avant de 150 et 420 litres à l’arrière, soit 570 litres au total, c’est assez pour transporter des skis, des sacs ou des clubs de golf.

Essai McLaren GT : multiples facettes

Photo dynamique McLaren GT 2021

Après avoir fait un rapide tour du propriétaire, il est désormais temps de s’installer au volant, afin de répondre à une question : cette McLaren est-elle vraiment une bonne GT ? Si le segment des routières sportives très haut de gamme est désormais bien rempli, il faut savoir que celle dont nous avons pris le volant n’a en réalité que très peu de rivales. Et pour cause, l’Anglaise casse les codes en ne proposant que deux places et en adoptant un positionnement plus proche de la supercar que de l’auto polyvalente. Et c’est bien là, son principal atout, se distinguant de ses concurrentes par sa philosophie plutôt axée sur le sport, mais pas forcément au détriment du confort. Bien sûr, cette GT reste avant tout une McLaren, mais les ingénieurs ont tout fait pour la rendre la plus agréable possible sur des longs trajets. On citera en effet les suspensions adaptatives, permettant de faire évoluer le comportement de l’auto en fonction du mode de conduite choisi. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le coupé tient ses promesses, sans pour autant être un modèle de confort absolu. Car ne l’oublions pas, cette GT reste avant tout une vraie supercar, avec tout ce que cela implique.

Si la création de Woking aurait pu encore plus chouchouter ses occupants, elle séduit néanmoins par ses qualités routières indéniable. Sans faire aucun compromis, elle excelle aussi bien sur les autoroutes que sur les tracés plus sinueuses, ainsi que sur les pavés parisiens. C’est bien simple, la McLaren GT se sent dans son élément partout. Et au vu de son gabarit, nous pourrions craindre qu’elle ne soit pas forcément très à l’aise dans les courbes étroites. Erreur. Sa structure en fibre de carbone et sa carrosserie en aluminium permettent en effet de limiter le poids à seulement 1,5 tonne. Sans être une véritable ballerine, la sportive se comporte exceptionnellement bien en conduite sportive, virant à plat et affichant un beau dynamisme, malgré des suspensions moins fermes qu’une 720S. La direction, très ferme à haute vitesse permet de manier le train avant avec précision, tandis que l’essieu arrière se montre joueur, mais uniquement lorsqu’on le souhaite. La tenue de route est tout simplement bluffante, tandis que les 630 Nm de couple sont transférés au sol via les roue arrière sans aucune difficultés. Comme toute bonne propulsion, il faudra cependant se montrer prudent sur le sol mouillé lors de l’accélération.

Outre la sensation de sécurité et le plaisir distillé sur les routes vallonnées, la McLaren GT surprend aussi par la puissance de son accélération, avec un 0 à 100 km/h expédié en 3,2 secondes grâce au Launch Control. De son coté, la vitesse maximale est établie à 326 km/h, mais pas de panique, vous n’aurez pas besoin de chercher à l’atteindre pour prendre du plaisir. Et pour cause, la sportive distille des sensations à des vitesses tout à fait raisonnables, au contraire de nombreuses autres supercars, qui obligent à rouler vite pour ressentir quelque chose. Cependant, le mieux reste encore d’activer le mode Sport ou de jouer avec les palettes en fibre de carbone pour tirer parti au maximum du V8 4,0 litres biturbo de 620 chevaux. Et pour cause, le couple est quasiment absent à bas régime, déboulant d’un coup à partir de 3 000 tr/min pour ne plus jamais faiblir. C’est bien simple, plus on presse la pédale d’accélérateur, plus elle en veut, cette GT ! Le plus gros risque ? Perdre son permis. Car en plus d’être ultra perforante, elle a l’audace d’être saine et confortable. Le cocktail parfait pour dépasser la limitation de vitesse légale sans même s’en rendre compte !

De son côté, la boite robotisée à double embrayage et sept rapports est quant à elle excellente, à la hauteur du moteur en position centrale arrière qui lui est associé. Si les passages de rapport se font parfaitement en mode automatique, l’usage des palettes reste tout à fait jouissif, surtout lorsqu’il s’agit de faire rugir l’échappement à clapets de série. Un pur bonheur ! Si la pédale est un peu dure en attaque, comme sur la plupart des supercars, le mordant est bien au rendez-vous, même s’il est possible d’opter en option pour des freins carbone-céramique, moyennant 6 060 €. Les pneus Pirelli P-Zero de 20 pouces à l’avant et 21 à l’arrière font une fois encore leurs preuves et offrent un excellent grip, même sur sol mouillé. Bien sûr, il faudra composer avec une consommation affichée à 11,9 l/100 km en cycle mixte, qui a évidemment tendance à s’envoler dès lors que l’on adopte une conduite vraiment sportive. Avec des émissions de CO2 annoncées à 270 g/km, la sportive n’échappe malheureusement pas au malus maximal, plafonné à 30 000 €.

Essai McLaren GT : pour résumer

Photo McLaren GT gris Saros 2021

S’il s’agit sans doute de la McLaren la plus polyvalente de la gamme, avec son positionnement bien à part, cette GT ne renie pas son ADN pour autant. Sans réelle concurrence, grâce à ses performances de haut vol et ses prestations routières, elle reste une véritable sportive dans l’âme. Et cela se voit, car le coupé manque encore de quelques équipements pourtant courant dans des véhicules bien moins haut de gamme. Dommage, car dans l’ensemble, cette création de Woking est quasiment parfaite, se révélant à la fois efficace et confortable, distillant du plaisir, des sensations et de la sécurité à son volant. Si McLaren fait ses débuts sur ce segment, la marque s’en sort très bien et signe un quasi-sans faute avec cette GT, qui combine les performances d’une supercar et la praticité d’une berline de grand tourisme.

Essai McLaren GT : fiche technique

  • Moteur : V8, 3 994 cm3, essence, biturbo
  • Transmission : boite automatique à sept rapports
  • Puissance : 620 ch à 7 500 tr/min
  • Couple : 630 Nm à 5 500 tr/min
  • Dimensions : 4,68 x 2,04 x 1,21 m
  • 0 à 100 km/h : 3,2 secondes
  • Vitesse maximale : 326 km/h
  • Volume de coffre : 570 litres
  • Consommation moyenne : 11,0 l/100 km
  • Émissions de CO2 / malus : 270 g/km / 30 000 €
  • Prix : à partir de 199 500 €

Essai McLaren GT : les photos

Marie Lizak

Fondatrice et responsable éditoriale du site Une Fille Au Volant, je suis une passionnée de l'automobile dans tous ses aspects. J'ai pour vocation de partager ma passion avec légèreté et bonne humeur, sans oublier la rigueur et l'information, bien évidemment !

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