Audrey Laurent, une opticienne chez les Gazelles
Opticienne dans la caravane humanitaire du Rallye des Gazelles qui s’est déroulé du 25 mars au 2 avril 2015 au Maroc, Audrey Laurent revient sur cette belle aventure humaine avec sincérité. Rencontre avec une opticienne de choc!
Une Fille Au Volant: Vous revenez tout juste du Rallye des Gazelles, globalement, quel est votre ressenti sur cette édition?
Audrey Laurent: J’ai trouvé cette édition très prenante, enrichissante mais aussi fatigante. J’ai beaucoup aimé ce que l’on a fait, c’était très plaisant et les gens étaient très reconnaissants. Ce rallye a été très fatiguant car c’est un rythme très soutenu, c’est aussi un climat auquel nous ne sommes pas habitués donc il faisait quand même assez chaud pour nous. Il faut également installer tout le matériel, le sortir du camion, préparer notre salle, voir beaucoup de monde et tout ranger ensuite.
C’était surtout très enrichissant et j’en garde un excellent souvenir. Si on me propose de le refaire l’année prochaine, je suis partante! (rires)
UFV: Comment avez vous intégré la caravane médicale du Rallye Des Gazelles?
A.L: J’étais une des nouvelles dans la caravane par rapport à ceux qui le faisaient depuis au moins deux ans mais l’accueil a été très chaleureux. On est tous là pour faire la même chose donc il y a vraiment un état d’esprit d’entraide à tous les niveaux et de collaboration même si on ne fait pas tous exactement les mêmes choses.
Nous sommes d’ailleurs encore en contact par mail et par sms.
UFV: En quoi consiste votre quotidien et votre rôle au sein de cette course?
A.L: Nous étions avec les gazelles (NDLR: Les participantes au rallyes). Malheureusement, on bénéficiait d’un réveil à quatre heures du matin (rires) surtout parce que les américaines et les anglaises parlent assez fort (rires).
J’étais en immersion totale avec les gazelles pour les repas le soir et la nuit. Le matin, le départ était entre 6h et 7h pour se rendre sur le site où nous étions reçus par les associations qui s’occupent des villageois. Nous installions ensuite notre matériel et nous pouvions commencer à examiner les yeux.
Nous avions un très gros avantage puisque nous avions un ophtalmologiste marocain qui était d’une grande aide par rapport à la barrière de la langue.
Nous faisions des dépistages principalement, c’est à dire que nous faisions des examens de vue pour les enfants et les adultes. Dans la mesure du possible, nous faisions des lunettes ou des corrections de la vue de près. L’examen était assez succinct et s’il y avait une plus grosse pathologie, on les orientaient vers un ophtalmo. On garde ensuite leur coordonnées et au mois d’octobre, lorsque l’équipe du rallye revient pour faire le parcours, les personnes sont dirigées vers un hôpital pour se faire opérer.
UFV: Quelles sont les exigences physiques et morales de cette épreuve qui semble être difficile, et comment vous y êtes vous préparée?
A.L: Ce qui est le plus difficile, c’est la fatigue mais c’est vrai que je me suis moins préparée que l’année dernière, lorsque j’ai participé au rallye. Je courais, je nageais et j’avais pris des cours de pilotage et d’orientation.
En fin de compte, cette année, j’ai plutôt fait don de mon temps et de mon savoir-faire. En ce qui concerne la préparation, j’ai juste eu mon matériel à préparer et j’ai également emmené avec moi du matériel scolaire, car ils en manquent énormément la-bas.
Même si les villages que nous traversons sont très défavorisés, les gens ont l’air heureux car ils n’ont pas les mêmes besoins matériels que nous en Europe. C’est un véritable dépaysement et j’ai beaucoup apprécié le coté bénévole dans une caravane humanitaire
UFV: Votre famille vous soutient-elle? Comment vivez-vous cette séparation avec elle?
A.L: Ma famille l’a très bien vécu. J’ai deux ados de 12 et 14 ans et un mari avec qui je suis très proche qui m’a toujours soutenu, aussi bien sur le rallye l’année dernière que pour la caravane humanitaire cette année. Il faut savoir qu’il se sépare de sa femme mais aussi de sa collaboratrice puisque nous travaillons ensemble mais il s’est très bien organisé seul.
J’ai toujours eu un grand soutien de mon entourage, que ce soit mes parents, mes enfants et surtout mon mari. Ca m’a permis de partir l’esprit libre en me disant que tout allait bien se passer à la maison.
J’ai très bien vécu le fait de partir seule, puisque je savais où j’allais, je ne partais pas dans l’inconnu comme j’avais fait le rallye l’année dernière.
Propos recueillis par Marie Lizak