Essai Honda E : puce électronique
Première voiture électrique du constructeur, la Honda E compte bien se faire une place de choix sur ce marché en plein développement. Et pour cela, la citadine mise tout sur son capital-sympathie.

Ça fait quelques années qu’on l’attendait, cette Honda E. D’abord préfigurée par un premier concept Urban EV dévoilé en 2017 au salon de Francfort, la citadine électrique s’était par la suite montrée à Genève, sous la forme d’un autre prototype, quasi-identique à la version de série. Quelques mois plus tard, voici que celle-ci voyait le jour, suscitant d’emblée les réactions diverses et variées de la presse et du grand public. Avec sa bouille adorable et ses lignes néo-rétro identiques au concept, la citadine ne laisse pas indifférent. Et c’est volontaire, car pour sa toute première électrique, Honda se devait de faire les choses en grand, à l’heure où tous les constructeurs, ou presque, ont investi ce segment. Autant dire qu’il fallait trouver un moyen de se démarquer, et il semblerait que la firme nippone ait trouvé la bonne solution, en offrant à sa nouvelle venue un look unique, inspiré de la toute première Honda Civic de 1972.
Concurrente toute trouvée des Peugeot e-208 et autres Mini Cooper SE, cette Honda E ne mise évidemment pas que sur ses lignes pour espérer attirer l’attention, mais s’offre également tout un attirail technologique. De quoi en mettre plein la vue au public, et ainsi, faire pencher la balance en sa faveur, au détriment de ses plus conventionnelles rivales. C’est aussi pour cela qu’Honda a fait le choix d’un modèle totalement inédit pour se lancer dans l’électrique, au lieu d’offrir une version zéro-émission à un véhicule déjà existant : pour faire parler de lui. Et ça marche ! Reste désormais à savoir ce que vaut vraiment la petite citadine nippone sur la route, car si le style a déjà conquis le cœur, il faudra aussi séduire la raison, et ça, ce n’est pas une mince affaire. Mais la petite japonaise a plus d’un tour dans son sac et affiche sur le papier des arguments forts, qu’elle ne manque pas de mettre en avant.
Embarquez donc avec nous pour une balade au volant d’une voiture électrique vraiment pas comme les autres. Une véritable machine à sourires sur roues, mais pas que !
Essai Honda E : le passé conjugué au futur

L’époque des voitures électriques aux lignes torturées et pas toujours très gracieuses est révolue depuis un petit bout de temps. Aujourd’hui, les constructeurs créent des modèles plus conventionnels, allant parfois même jusqu’à adapter des modèles déjà existants en thermique, à l’image de Peugeot avec sa e-208, entre autres. Chez Honda, comme chez d’autres marques, on a fait le choix de créer un modèle bien spécifique. Une stratégie bien différente mais qui peut se révéler tout aussi bonne, à condition que le véhicule en question attire le client. C’est évidemment le cas de cette Honda E, qui attire indéniablement le regard et interpelle, que l’on aime ou non son style néo-rétro. Ultra-compacte, la citadine ressemble vraiment à un petit jouet, avec ses lignes et ses feux tout ronds, ainsi que sa silhouette presque symétrique. Avec ses 3,89 mètres de long, la citadine est l’une des plus compactes du marché, ce qui constitue un vrai atout pour un modèle presque exclusivement dédié à la ville.
Petite à l’extérieur, la Honda E est pourtant plutôt spacieuse à l’intérieur, grâce à une présentation très épurée et à une absence de tunnel de transmission due bien sûr à la motorisation électrique. Inspiré du Japon, sa patrie d’origine, l’habitable de la citadine mêle tradition et modernité, avec des matériaux bruts tels que des plastiques imitant le bois sur la planche de bord et la console centrale, ainsi que des sièges en tissu gris très esthétiques. Les finitions et les ajustements sont très bons, de même que les matériaux, alors que les plastiques durs se font assez rares. Si la position de conduite est uniquement réglable manuellement, celle-ci reste très bonne et offre de nombreuses possibilités, adaptées à tous les gabarits. Bref, on est bien dans cette Honda E, et son petit gabarit se ressent en réalité assez peu une fois à bord. Si son empattement de 2,53 mètres est suffisant pour loger les occupants, même à l’arrière, il faudra en revanche se contenter d’un petit coffre, dont le volume oscille entre 171 et 861 litres.
Mais l’un des principaux points distinctifs de cette Honda E, c’est sans aucun doute son impressionnant bagage technologique. Dès que l’on s’installe à bord de la citadine, on remarque d’emblée l’immense dalle numérique posée sur la planche de bord, intégrant le combiné numérique ainsi que l’écran accueillant le système d’info-divertissement. Si l’ensemble est visuellement très intéressant, il nécessite néanmoins un certain temps d’adaptation pour tout comprendre, tant les fonctionnalités sont nombreuses. Parmi elles, la fonction aquarium, totalement inutile et donc forcément indispensable, qui consiste en un bocal virtuel dans lequel évoluent quelques poissons tropicaux. Malgré une utilisation parfois laborieuse de l’écran, le reste de l’habitacle reste très ergonomique, et l’on apprécie qu’Honda n’ait pas cédé au virtuel pour remplacer les boutons physiques de la climatisation. Le petit plus, encore trop peu répandu, c’est la fonctionnalité Apple CarPlay sans fil, très pratique lorsque l’on a oublié son câble à la maison. Enfin, la Honda E est le tout premier véhicule à offrir les rétroviseurs-caméras de série sur toutes les versions. Si l’on salue l’audace, nous aurions néanmoins aimé pouvoir avoir le choix, ce système étant selon nous peu pratique et pas forcément très utile. On apprécie en revanche le fait de pouvoir basculer de la caméra au miroir conventionnel pour le rétroviseur intérieur.
Essai Honda E : tout ce qui est petit…
Contrairement à certains constructeurs qui se contentent d’une seule proposition pour leurs voitures électriques, Honda a ici fait le choix d’offrir un peu de diversité aux clients de sa E. En effet, et même si cela n’est pas forcément indispensable, deux niveaux de puissance sont disponibles, à savoir 136 et 154 chevaux, pour un couple maximal respectif de 300 et 315 Nm, disponible immédiatement. Une différence assez minime qui se remarque à vrai dire assez peu sur la route, alors que les performances sont identiques, avec un 0 à 100 km/h abattu en huit secondes. Pas de quoi vous coller au siège comme une Porsche Taycan ou une Tesla, mais cela reste tout de même fort honorable pour cette citadine plus habituée aux 0 à 50 km/h entre deux feux rouges qu’aux pointes de vitesse. Celle-ci n’est d’ailleurs pas très élevée, culminant à seulement 145 km/h, afin de préserver au maximum l’autonomie, affichée à 220 km selon le cycle WLTP. Si certains pourront critiquer ce chiffre bien trop bas et cantonnant la E à un rôle exclusif de citadine, n’oublions pas qu’elle n’a pas vocation à vous emmener en vacances, mais bien de vous accompagner lors de vos trajets domicile-travail.
Vous l’aurez compris, on n’achètera donc pas une Honda E pour sa polyvalence, mais elle sera en revanche idéale comme voiture de tous les jours, pour aller au bureau et chercher les enfants à l’école. Son petit gabarit et son diamètre lui permettent de faire demi-tour dans un mouchoir de poche, et autant dire que les manœuvres se font les doigts dans le nez. Des dimensions réduites qui permettent aussi à la petite nippone de se faufiler absolument partout et d’afficher une maniabilité déconcertante. Autant dire que la nouvelle Renault Twingo Z.E a du souci à se faire sur ce point ! Du haut de ses 154 chevaux, notre version d’essai se montre très réactive, voire presque nerveuse, et se joue de la circulation avec aisance, grâce à une direction parfaitement calibrée. Le freinage régénératif, permettant de ralentir et s’arrêter en levant simplement le pied de l’accélérateur à l’image de la e-Pedal de la Nissan Leaf permet quant à lui de récupérer un peu d’autonomie, et est très intuitif à utiliser. On se prend alors vite au jeu de l’éco-conduite en ville, et notamment dans les bouchons !
Sur route, la citadine jouit d’un comportement quasi-exemplaire grâce à sa petite taille et à son centre de gravité ultra-bas, que l’on doit aux batteries situées sous le plancher. Si la citadine ne semble au premier abord pas taillée pour les excursions sportives, elle distille en réalité pas mal de sensations, et donne le sourire dès les premiers virages. Aucune prise de roulis n’est à déplorer, la voiture se comporte merveilleusement bien et offre globalement d’excellentes prestations routières. Un vrai tour de force que l’on doit également à la répartition des masses à 50 :50, offrant un équilibre optimal. Bref, sans être une sportive, la Honda E reste un petit engin amusant au possible, bien qu’il faille rester vigilant quant au niveau de batterie, qui baisse très rapidement lorsque l’on accélère le rythme. Heureusement, cette autonomie un peu handicapante est compensée par une charge relativement rapide en seulement quatre heures si l’on opte pour un chargeur mural de 7,4 kW à la maison, contre 19 heures sur une prise standard. Mieux encore, seulement 30 minutes sont nécessaires pour remplir la batterie à 80 % sur une borne rapide de 50 à 100 kW.
Essai Honda E : pour résumer

Pas rationnelle pour un sou, en raison de sa faible autonomie, de son prix élevé et de son coffre un peu trop petit, la Honda E reste un véhicule follement attachant. Fun à conduire et à regarder, ultra-techno et bourrée de détails aussi inutiles qu’amusants, la citadine possède un capital-sympathie difficilement égalé sur le marché. Auto passion plus que raison, elle ne manquera pas de faire tourner les têtes et faire naître des sourires sur tous les visages, celui du conducteur en premier lieu. Seul son prix, affiché à partir de 35 670 € (bonus écologique non déduit) pourrait dissuader les éventuels clients, bien que celui-ci reste justifié au vu des prestations proposées.
Essai Honda E : notre avis
Design extérieur
Présentation intérieure
Techno
Agrément de conduite
Passion
Rapport qualité / prix
Adorable et branchée, la Honda E est une vraie réussite, mais doit encore améliorer son autonomie pour séduire les plus réticents.
Essai Honda E : la fiche technique
- Moteur : moteur électriques synchrone à aimants permanents, transmission 1 rapport, batterie 35,5 kWh
- Puissance : 154 ch
- Couple : 315 Nm
- Dimensions : 3,89 x 1,75 x 1,56
- 0 à 100 km/h : 8,3 secondes
- Vitesse maximale : 145 km/h
- Autonomie : environ 220 km WLTP
- Volume de coffre : de 171 à 861 litres
- Émissions de CO2 / malus : 0 g/km / 7 000 € de bonus
- Prix : à partir de 35 060 €
Essai Honda E : les photos
Photos : Photo : Soufyane Benhammouda / AMAM – Honda






