Carnet de Voyage : le sud de l’Allemagne en Renault Trafic SpaceNomad
Même si les immatriculations ont légèrement baissé en 2022, le monde du van aménagé a connu un énorme essor ces dernières années. Sentant le filon, le constructeur au losange a souhaité infiltrer le marché en lançant son propre modèle. Le Renault Trafic SpaceNomad est alors né en 2021. Place à notre essai en vraies conditions de road-trip, sur une semaine.
Le SpaceNomad se base sur la dernière itération du Renault Trafic sorti en 2014, et restylé en 2021. Ainsi transformé par le spécialiste Pilote, dans son usine près d’Angers, il cache difficilement sa vocation. En effet, sa relative discrétion n’empêche pas de remarquer aisément les fenêtres coulissantes, le bouchon de remplissage de l’eau et le branchement électrique, le panneau solaire (de série sur cette finition « iconic ») ou encore le store latéral. Sinon, dans cette configuration Rouge Carmin à jantes alu diamantées de 17 pouces, il a fière allure. La calandre chromée, associée à des feux LED au design soigné, donnent un aspect qualitatif. Dans l’ensemble donc, il présente bien, suscitant l’envie de vivre au quotidien avec lui.
Et ça continue à l’intérieur. La planche de bord, certes classique, se veut suffisamment agréable pour ne pas trop se sentir dans un utilitaire. Bien que j’aurais préféré bénéficier des jolis boutons de climatisation, apparus sur les Dacia puis sur la gamme Renault, pour jouir d’un habitacle plus cossu. Sinon, tout est simple et par conséquent, tout tombe bien sous la main. On ne se mélange pas entre le tactile et les touches, tout en ayant des menus clairs et lisibles. De quoi faciliter la vie du plus grand nombre. Dommage peut-être que le siège conducteur manque de réglages, notamment pour les grands gabarits. Mais au moins les assises avant pivotent très facilement. On apprécie également les nombreux rangements à l’avant, avec des grands bacs dans les portes, une boîte à gants coulissante et deux larges vide-poches sur le dessus.
Fuyant la tempête Ciaran qui s’abattait sur la France, nous avons choisi de passer outre-Rhin pour découvrir un territoire assez peu exploré par les touristes français : le sud de l’Allemagne. Le trajet de liaison se sera déroulé sans encombre. Le SpaceNomad se révèle être un bon compagnon pour les longs voyages. Déjà, j’ai particulièrement aimé la position de conduite, procurant une sensation de domination et une excellente visibilité. Mais sa mécanique joue un rôle significatif également. Notre modèle d’essai embarque le plus gros moteur disponible, à savoir le 2.0 Blue dCi de 170 chevaux et 380 Nm de couple. Accompagné par sa boîte automatique EDC à 6 rapports, il se montre volontaire et sécurisant. On ne redoute pas le moindre dépassement ou la moindre insertion. Certes il reste un utilitaire, amenant avec lui une insonorisation pas des plus abouties, avec des bruits de vent, de roulement ou provenant du moteur. Pour autant, ça n’en devient pas si désagréable et on se laisse alors porter par la conduite souple et rassurante.
Un confort idéal pour les longs voyages
La première soirée venue, il est enfin temps de déployer le toit de notre SpaceNomad. Quelques manipulations très simples plus tard, nous voilà debout à bord de ce van entièrement aménagé. L’application Park4Night permet de chercher avec facilité un spot où dormir. Les nombreux filtres permettront de choisir entre un lieu gratuit ou payant. Mais aussi si l’on souhaite plutôt être seul, entouré d’autres usagers, bénéficier de toilettes sur place ou encore voir les quelques avis d’utilisateurs.
Des particuliers ou municipalités proposent même des emplacements. Là, l’important est juste de toujours repartir avec ses déchets, sans laisser de traces de notre passage. Dès lors, il sera possible de passer une nuit paisible. Puis même si on ne le conseillerait pas forcément, il est possible de dormir à 4 convenablement, voire 5. En effet, le lit à l’étage accueille très confortablement 2 adultes. En bas, le couchage à installer sur la banquette arrière rabattable accueillera lui aussi 2 adultes ou 3 enfants. À titre personnel, nous n’étions que deux. Ce qui est bien plus réjouissant pour profiter de l’espace, sans être les uns sur les autres, et embarquer nos bagages respectifs.
En jetant un œil sur Google Maps, l’objectif principal de ce roadtrip est vite devenu la découverte du Lac de Constance. Je ne vais pas vous cacher que la météo très capricieuse a quelque peu gâché l’expérience, ne me donnant pas l’opportunité de véritablement vous décrire la région. Pour autant, je ne peux que vous conseiller d’aller visiter le Monastère de Salem et son château, puis de vous arrêter flâner dans les nombreux villages emblématiques du bord du Lac (Meersburg, Lindau, Friedrieschafen, …). Comme presque partout dans le pays, attention tout de même aux stationnements généralement payants 24h/24 et 7J/7, même en pleine campagne. Pour contrer ça, l’application smartphone EasyPark sera un bon allié pour ne pas se faire avoir et payer en toute simplicité.
Bien ancré dans le pays, je découvre un van toujours aussi plaisant à piloter. Ainsi équipé, il pèse plus de 2,4 tonnes, et ne se montrera guère dynamique. Malgré ça, les petites routes ne lui font pas peur, ni à moi d’ailleurs. Bien que ses dimensions soient imposantes, 5,08 m de long pour 1,95 m de large, il se dirige sans peine et offre une tenue de route totalement honorable. Puis heureusement, grâce à ses 1,99 m de haut il est accepté presque dans tous les parkings souterrains, il passe sous les portiques, et il paye le tarif normal au péage. Sinon, le couple moteur-boîte fonctionne bien ensemble, et il n’aura pas une fâcheuse tendance à secouer les occupants. Pour tout vous dire, j’ai simplement préféré reprendre par moment la main, en montagne. Juste parce que L’EDC s’éternise parfois un rapport en dessous, faisant hurler trop longtemps le moulin. Le levier séquentiel est en plus facile et agréable à manipuler.
Ce qui est parfait pour créer un peu de frein moteur et limiter la pression sur les disques. En plus, l’amortissement prévenant du SpaceNomad évite de trop subir une chaussée accidentée, et ses modes de conduite (Éco, Normal, Performance) permettent de parfaitement s’adapter, soit à notre « mood » du jour, soit à la typographie de l’itinéraire. Le premier mode nous pousse à adopter une conduite paisible, offrant une occasion supplémentaire de savourer pleinement le voyage. Sans oublier que la consommation en bénéficie. Sur plus de 2 000 km d’essais, je me suis stabilisé à 7,9 l/100 km. Fatalement, quand le dénivelé s’intensifie ou sur autoroute, on s’approchera plus des 9,5 l/100 km. Mais sur une départementale classique on descend sous les 7,5 l/100 km. Un beau score, surtout qu’avec son gros réservoir de 80 litres, on a largement de quoi voir venir. C’est franchement rassurant lorsqu’on souhaite s’éloigner des métropoles.
Après une journée pluvieuse, presque enfermés à bord, on se rattrape le lendemain avec une superbe visite. Dans le top 10 des sites touristiques les plus visités en Allemagne, on retrouve le château qui truste souvent la première place des plus beaux au monde : Neuschwanstein. Il a été érigé à la demande du roi Louis II de Bavière, près de la ville de Füssen. Sa spécificité est d’être située sur un éperon rocheux haut de 200 mètres, rendant l’édifice particulièrement impressionnant. Pour le visiter, il est impératif de s’y prendre plusieurs mois à l’avance, sous peine de devoir rester aux pieds du monument. Ou croiser les doigts pour obtenir les quelques places libérées le matin même, comme ce fut notre cas. Sans vous spoiler, l’intérieur du château est surprenant et il vaut le détour, mais il est bon de savoir que la visite est impérativement guidée et se fait au pas de course, avec très peu de pièces ouvertes au public.
Un hôtel sur roues
Adopter un van aménagé, changera radicalement la façon de voyager, à plus d’un titre. Les économies concernant les nuitées sont indéniables, mais il n’y a pas que ça. L’aménagement intérieur bien pensé rend l’expérience séduisante. La petite kitchenette toute équipée (vrai réfrigérateur 49 litres avec freezer, gazinière à deux feux, réservoir d’eau propre 60 litres) permet de continuer à profiter du road-trip même s’il pleut. On retrouve la chaleur du van, on cuisine face à une jolie vue, on prépare même des plats typiques, et on se fait plaisir, tout en faisant encore quelques économies. En fait, toutes les occasions sont bonnes pour ne pas être à la maison ou à l’hôtel. On reste dans la nature, on observe ce qu’il se passe dehors, on sort marcher quelques minutes. De quoi découvrir un mode de vie complètement nouveau.
Malgré ce plaisir au quotidien, je me dois de préciser les trois points négatifs que j’ai pu relever pendant cet essai. Notamment en comparant avec d’autres vans qui font mieux à ce niveau. L’un de ces points concerne particulièrement la table amovible. Pratique lorsqu’il fait beau, ou pour un bivouac de quelques jours. Beaucoup moins lorsqu’on se déplace quotidiennement et qu’il faut la démonter et la ranger à l’arrière plusieurs fois par jour. Par ailleurs, quelques rideaux présentent des inconvénients en termes de praticité, compromettant parfois l’intimité. Cela peut s’avérer gênant, surtout à la nuit tombée par exemple. Le dernier point à souligner concerne la commande du chauffage, dont l’emplacement actuel ne facilite pas son utilisation depuis le couchage supérieur. Une accessibilité plus aisée améliorerait considérablement le confort lors des nuits plus fraîches. Vous vous en doutez, ces points ne sont pas si rédhibitoires, mais ils sont à prendre en considération lors de l’achat.
Quelques dizaines de kilomètres avant le château Neuschwanstein, la fin du Lac de Constance annonçait l’entrée dans une nouvelle région bien connue, la Bavière. Une région qui fut un sacré coup de cœur. Dans laquelle on aura apprécié se perdre sur les petites routes, entre campagne et prémices de la montagne. En s’enfonçant dans les terres, le fameux roi Ludwig II est toujours à l’honneur, avec notamment le Château de Linderhof. Ce dernier, totalement inspiré par son idole le roi Louis XIV de France et le château de Versailles, n’est pas très grand, mais les magnifiques paysages autour, et le mobilier dense à l’intérieur le rendent incontournable. Sans quoi, les charmants villages bavarois jalonnant notre itinéraire ont contribué à rendre cette escapade mémorable. Leurs maisons typiques, les ruelles pavées et les jolies églises ont créé une atmosphère pittoresque et authentique. L’absence de grandes villes a ajouté au charme tranquille du sud de la Bavière, offrant des échappées paisibles au cœur d’une nature préservée. Les végétations luxuriantes, les prairies d’un vert éclatant et les forêts aux couleurs automnales époustouflantes nous ont charmées à chaque étape.
Un prix raisonnable… et pas de malus
Revenons-en au van une dernière fois. Si j’évoquais quelques points négatifs juste au-dessus, cet engin est à l’inverse riche en qualité. Commençons par son autonomie. Annoncée pour 48 h et même jusqu’à 72 h avec le panneau solaire selon le constructeur, vous pourriez en fait tenir plusieurs semaines sans vous brancher, en optant pour un mode de vie nomade. La batterie auxiliaire se recharge effectivement très rapidement via l’alternateur, en roulant. Ensuite, le Trafic SpaceNomad jouit de nombreux tiroirs et placards. Ces derniers sont très pratiques et sécurisés, ils permettent d’embarquer tout le nécessaire facilement. Avec en plus les nombreuses lumières puissantes et bien agencées, on se croirait comme à la maison. Certes, il n’y a pas de toilettes, mais pour les beaux jours il y a au moins une douchette d’eau froide. Le tout bien aidé par un pupitre de commande général très clair et bien pensé, en faisant abstraction qu’il soit séparé du panneau activant le chauffage. On a là un outil vraiment efficace pour suivre les niveaux, allumer l’électricité 12v ou déclencher la pompe à eau.
Avant de conclure, parlons du porte-monnaie. Si vous optez pour un van aménagé clé en main, homologué directement par un constructeur, le Renault Trafic SpaceNomad sera probablement la meilleure affaire. Il n’est peut-être pas aussi haut de gamme que ses concurrents, Mercedes Marco Polo et Volkswagen California en tête, mais son équipement n’a pas à rougir. Il est affiché à un prix minimum de 61 900 € pour la finition « Equilibre ». Pour la version « Iconic » de notre modèle d’essai, on passe tout de suite à 70 500 €. À ce tarif il embarque une multitude d’aides à la conduite, les rétroviseurs rabattables électriquement, les jolies jantes alu de 17’’, la caméra de recul ou encore l’écran Easy Link de 8’’. Même notre peinture Rouge carmin est incluse. Sinon, il serait peut-être intéressant d’ajouter l’attelage de remorque à 720 €, et c’est tout. Et malgré ses 231 g/km de CO2 rejetés, cette catégorie échappe pour le moment au malus.
Peut-être plus rustique que certains concurrents, le Renault Trafic SpaceNomad rempli pourtant parfaitement son job. Plutôt joli et très pratique, il séduit par son aménagement bien pensé et sa facilité de prise en main. Il se veut en plus agréable au volant, tout en proposant des performances suffisantes et une consommation bien maîtrisée. Tout un tas d’arguments qui donnent envie de parcourir la France, l’Europe, ou même le monde en sa compagnie.